L’œuvre de Adane Mustapha, esthétiquement différente des œuvres exposées, elle ouvre néanmoins le parcours en plantant le décor du déroulement de la mise en scène exposée. Son titre, non moins évocateur “Le monde des Berbères n’est pas celui des Pieds-Noirs“, consolide la réflexion de Adane et les convictions du doyen des arts visuels algériens dans cet affrontement du legs historique, s’opposant aux récits déformés programmés par l’autre rive depuis des décennies.
Dans le catalogue de l’exposition “Les Échos de l’Âme“, on y lit : “Aouchem a le mérite de coiffer sur le poteau les tergiversations des adeptes de l’école du Noun, associées à ceux du signe d’avant l’indépendance”. Adane réaffirme la véritable histoire de Aouchem contrairement à l’affichage de l’exposition “Présences arabes” au musée d’art moderne de Paris, qui, en excluant tous les membres d’Aouchem de l’écriture, affirme que trois professeurs en sont les auteurs, contrairement à ce qui est affirmé sur d’autres thèses doctorales régionales et sur l’autre rive, en mentionnant Benbaghdad et compagnie comme auteurs.
“De 1967 à 1971, il préside l’Union nationale des arts plastiques (UNAP) et c’est pendant cette période qu’il rédige, avec Mesli, dans l’ancienne mairie d’Alger devenue le siège de l’Assemblée nationale, le manifeste du groupe Aouchem (tatouage ou signe), un plaidoyer en faveur d’un retour aux sources artistiques algériennes dans le domaine des arts plastiques.” Lit-on aussi sur le catalogue de l’exposition. À ce sujet, Adane, en charge de la décoration de l’espace de la mairie à l’époque, où le manifeste fut rédigé avec Mesli, ont tous deux contribué à établir la trajectoire d’un manifeste qui marquera des générations, en incluant les noms visibles sur le document diffusé. Les deux auteurs très au fait des membres actifs et des courants idéologiques de l’époque, proposaient des noms pour figurer sur le manifeste et ils validaient. L’absence d’artistes communistes dans la liste des signataires du manifeste Aouchem est sans interrogation. La colère du communiste Khadda ne se fait pas attendre dans son incendiaire chapitre consacré aux Aouchimstes dans son ouvrage “Éléments pour un art nouveau”.
Si l’exposition en cours au musée d’art moderne de Paris, “Présences arabes“, élimine l’ensemble des membres fondateurs d’Aouchem, c’est tout juste, s’il fallait aussi préciser que les aînés Choukri Mesli, 36 ans, et Mustapha Adane, 33 ans, n’ont pas associé Denis Martinez lors de l’écriture du manifeste. Âgé de 26 ans à l’époque, il était trop jeune encore. Le compte est bon. Denis Martinez n’a pas écrit le manifeste, son nom fut juste ajouté par Mesli Choukri et Adane Mustapha, tout comme les autres membres signataires.
Tarik Ouamer-Ali
Détail de l’œuvre “Le monde des berbères n’est pas celui des pieds-noirs” de Mustapha Adane exposée à la galerie de l’Espace Frantz Fanon durant l’exposition “Les Échos de l’âme”, programmée du 25 mai au 15 juin 2024
Le Think tank de la rive nord chargé de tracer les perspectives de l’ancienne colonie a décidé lors de l’exposition “Présences Arabes” visible au musée d’art moderne de Paris de retirer l’ensemble des membres signataires du manifeste d’Aouchem de l’ecriture du manifeste à part Mesli, Adane et Martinez. Un grand merci donc pour cette correction éprouvante que personne n’a osé éditer. On peut donc éliminer ici sur la rive sud et facilement l’imposture de Denis Martinez de l’écriture du manifeste.