Mohamed Massen, plasticien et sculpteur autodidacte, vit son art comme une exploration poétique et décalée du monde qui l’entoure. Juriste de formation et cadre supérieur dans le secteur public jusqu’à sa retraite, Massen nourrit depuis toujours une fascination pour l’art moderne et la brocante. Cette passion pour les objets anciens et abandonnés devient une source d’inspiration unique, où il exprime l’ironie et le grotesque de la vie. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », dit-il, reprenant à son compte le célèbre principe de Lavoisier pour définir sa démarche artistique.
L’artiste tire son inspiration de ses trouvailles dans les brocantes et les marchés aux puces. Là, il collectionne des objets dépareillés, usés, incomplets, qu’il assemble pour créer des œuvres sculpturales atypiques : une tête de bovidé formée d’une houe et d’un vieux compas, ou une chouette constituée d’outils recyclés et peinte de couleurs vives. « Chaque élément, avec ses potentialités propres, ses vides, ses échancrures, son usure, ses brûlures… m’intéresse dans toute la plénitude de ses imperfections », confie-t-il. Sa première sculpture, inspirée par ces matériaux de récupération, ouvre la voie à une série d’assemblages où il réinvente la matière pour donner vie à des créations expressives et semi-figuratives, jouant des éléments pour susciter le questionnement et l’émotion.
Artiste reconnu dans son pays, Mohamed Massen expose pour la première fois dans les années 90 et reçoit, en 2000, le prix de sculpture décerné par la Fondation Asselah, soulignant l’originalité de sa contribution. Pour lui, « l’œuvre de l’artiste dépasse l’ouvrage de l’artisan par les dimensions esthétique, spirituelle et surtout médiatique qu’elle recèle ». Son intention n’est pas seulement de créer des objets mais de les investir de significations, laissant ainsi le public libre d’interpréter et de ressentir. « Tout acte d’artiste est un exercice d’exorcisme au bout duquel on se sent libéré », affirme-t-il. Sa vision est également influencée par les grands maîtres du XXe siècle, notamment Picasso, Calder, Miro, ainsi que Jean-Michel Basquiat, qui l’inspirent particulièrement dans le domaine du bas-relief. Il est influencé par les grands noms de l’art moderne, tels que Miro, Calder, Picasso et Basquiat, et partage des affinités artistiques avec le plasticien Jaoudet Gassouma, membre fondateur du groupe Essebaghine.
Massen s’aventure dans la représentation d’objets hétéroclites qu’il recycle en œuvres d’art, faisant feu de tout fer : plaques, tôles, bassines, essieux… Avec une touche surréaliste et un humour teinté d’ironie, il capte l’essence de la société contemporaine et ses contradictions. Pour lui, « la sculpture est un exutoire, une forme de libération et une invitation au dialogue ». Ses œuvres expriment une vision surréaliste et humoristique de la société, et il met souvent en scène des objets imparfaits ou endommagés pour en souligner la beauté. témoignent de son regard unique et non conformiste sur le monde.
Au-delà des matériaux, Massen cherche à transformer l’objet pour susciter la réflexion et le dialogue. « Le but de l’ardeur que je consacre à mes œuvres est d’arriver à une sorte de sublimation de l’objet et du signifiant qu’il doit exhaler », confie-t-il. Il est animé par une envie constante de créer, un sentiment que son collègue et ami, Sergoua des Sebaghine, résume ainsi : « On ne peut rester insensible devant n’importe laquelle de ses œuvres… Il a prouvé qu’avec seulement nos mains et notre esprit, on peut faire des merveilles ».
Synthese founoune art média
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Source presse :
– expressiondz.com article de O.Hind
– algerie360.com
– archives founoune
Exposition à la galerie Dar El Kenz, Bouchaoui Alger, de l”Artiste Mohamed Massen en 2016.