Pour le centenaire de la colonisation, plusieurs musées avaient ouvert leurs portes en Algérie et à Alger en particulier. Parmi ces musées, Le Bardo, maison du XVIIIe siècle, dans le quartier de Mustapha supérieur, avait été inauguré en 1930 pour abriter les collections préhistoriques et ethnographiques d’Algérie. Cette reconversion de l’édifice, de la maison vers le musée, allait aussi opérer de nouvelles extensions telles que l’administration, les réserves, le laboratoire ou la maison du conservateur.
Dans l’Algérie indépendante des années 80, une vague de récupération de monuments historiques a eu lieu. Ainsi, plusieurs palais ou espaces de la période ottomane vont être classés, parmi lesquels : Dar Khedaoudj el amia, Dar Mustapha Pacha, le Bastion 23. Plus tard, en 2011, Dar el bey du Titteri deviendra le musée des arts et traditions populaires à Médéa, l’ancienne mairie sera transformée en musée d’art et d’histoire de Tlemcen à l’occasion de « Tlemcen capitale de la culture islamique ».
Ces derniers vont parfois subir des transformations et devenir des musées ou lieux d’exposition. Mais sont-ils adaptés pour une telle fonctionnalité ?
Pour qu’un musée puisse répondre à ses missions promulguées dans le Décret exécutif n 11-352 du 5 octobre 2011, il faudrait, un laboratoire de recherche, un laboratoire de restauration, des réserves assez grandes et adaptées aux types de collections du musée en question (vous imaginez bien qu’une collection de bijoux ne prend pas le même espace qu’une collection de 400 tapis), d’avoir un système de sécurité (protection des œuvres et gestion des risques ) et une accessibilité pour les plans d’urgence, assurer la conservations des objets contre l’humidité, les détériorations organiques, chimiques, humaines ou naturelles..etc. Autant de paramètres à prendre en considération. Plusieurs de ces musées se plaignent du manque d’espace, de l’impossibilité de faire des travaux d’extension dans un site classé et protégé, de subir des conditions de travail difficile dans des lieux très humides comme à la Casbah d’Alger. Sachant que même les musées de période coloniale souffrent d’infiltration des eaux, que dire des « diars » (maisons) du XVI au XIXe siècle ? A quand une prise de décision du Ministère de la Culture ? L’Algérie, étant membre de l’ICOM, connait pertinemment les normes et méthodes muséales.
Un projet de la wilaya d’Alger prévoit de récupérer d’autres palais et maisons de la casbah afin de les intégrer à un circuit muséal, est-ce la meilleure décision ? Ne faudrait-il pas d’abord s’occuper des problèmes qui existent avant d’en créer d’autres ?
L’adage dit “L’habitude n’a pas d’yeux”. Dans peu de temps Khedaoudj ne retrouvera plus sa maison ni son beau miroir.
Neila Djedim
Visite guidée du musée Lala Khdaoudj el Amia à la basse Casbah