Après une année marquée par la distance, et entravée par l’impossibilité de se déplacer, l’exposition Quelque part entre le silence et les parlers ravive le souvenir d’un voyage en Algérie, un pays dont elle cherche à faire entendre les voix et apprécier le silence. Elle est une oreille tendue par-delà la Méditerranée, l’occasion d’une lecture, d’une écoute, d’un partage avec ce pays aussi familier que méconnu, dont la complexité (sociale, politique, historique) est à la mesure de la diversité culturelle qui s’y exprime. L’histoire de ce pays pluriel se traduit en effet dans le foisonnement des idiomes qu’on y parle (issus de langues berbères, arabes et européennes) qui fait de la question linguistique un enjeu artistique de premier plan. Quelque part entre le silence et les parlers réunit ainsi des artistes qui y sont nés, y vivent ou y travaillent, en prise directe avec ce nœud langagier, et traite la façon dont il influence si profondément leurs imaginaires. Elle place au centre de son projet un territoire-mosaïque ici saisi au prisme des mots, des voix, des paroles, des écritures qui le constituent, qu’ils soient explicites, tacites ou même muets. Le corpus d’œuvres entend mettre en lumière le potentiel plastique, poétique et politique d’un rapport ambivalent à l’expression, où la générosité en paroles le dispute à la retenue du discours.
Le silence et les parlers représentent les deux pôles à partir desquels interroger la pratique de la langue en Algérie qui peut autant se heurter à des obstacles, relevant de situations de mécompréhension, de pudeur, de censure, d’inhibition ou de secret, que traduire l’inventivité dont font preuve les Algérien.ne.s pour communiquer, leur goût de la parole, de la tradition orale, du chant et de l’écriture. Leurs parlers constituent donc un art en soi et se présentent comme les lieux de continuelles métamorphoses : ils s’y inventent entre accents dissonants, écritures effacées et mots créoles. Du bricolage langagier aux silences, du slogan politique au récit testimonial, de l’alphabet au concept, Quelque part entre le silence et les parlers invite alors à écouter parler, à laisser éclater les sonorités, à donner à entendre, à voir et à lire, pour produire les conditions d’une rencontre avec des artistes pour certains encore peu représentés dans les lieux d’art en France. Alors que nos modes d’échanges ont subi ces derniers mois de profonds bouleversements, Quelque part entre le silence et les parlers se veut un échange ouvert, et versatile, aux airs de double jeu.
Commissariat : Florian Gaité.
Exposants : Louisa Babari, Adel Bentounsi, Walid Bouchouchi, Fatima Chafaa, Dalila Dalléas Bouzar, Mounir Gouri, Fatima Idiri, Sabrina Idiri Chemloul, Amina Menia et Sadek Rahim.
Vernissage : samedi 26 juin de 16h à 19h
Période : du 26/06/2021 au 28/11/2021
Adresse : maison des arts 105, avenue du 12 février 1934, 92240 Malakof, ( Hauts-de-Seine ), France.
Cette exposition a été conçue suite, et grâce, aux séjours de recherche réalisés dans le cadre du dispositif « Aide à l’écriture et à la publication d’un essai critique 2019 » de l’Institut Français, de l’Institut National d’Histoire de l’Art, de l’Association Internationale des Critiques d’Art (section France) et de la revue Critique d’art.
Quelque part entre le silence et les parlers.
La tour de Babled : une cartographie linguistique complexe
L’Algérie est marquée par un fort pluralisme linguistique qui reflète la diversité de ses expressions culturelles. Outre les deux langues reconnues par la Constitution (l’arabe et le tamazight), outre leurs variantes et les nombreux dialectes locaux, le pays compte aussi avec une langue véhiculaire (darja, derija ou maghribi), un arabe populaire qui diffère de sa forme classique. Intégrant des influences espagnoles, turques, italiennes ou françaises, le parler en Algérie porte la marque des occupations étrangères qui ont jalonné son histoire comme celle des différentes ethnies qui la composent, pouvant même être réduit à une forme strictement fonctionnelle, le sabir (langue métissée rudimentaire qui servait principalement aux échanges commerciaux autour de la Méditerranée). Du punique à l’arabe, des déclinaisons du berbère au turc, en passant par les langues européennes, le latin et aujourd’hui l’anglais, ce sont donc des dizaines d’idiomes plus ou moins sédimentés qui se sont brassés, donnant lieu à une situation linguistique chorale, accentuée par la diaspora et les sauts entre les générations. Nous nous intéressons également aux signes, traces, lettres et symboles qui fournissent un vocabulaire formel réinvesti par les artistes, sans oublier les écritures numériques et les processus d’internationalisation qui s’y opèrent, reflets d’une société extrêmement connectée au monde global.
La politique des mots : la langue contrainte
La diversité des langues et leur différence de reconnaissance politique posent aussi la question de leurs hiérarchies. Les situations de polyglossie, la coexistence de plusieurs langues qui n’ont de fait pas le même statut, complexifient la question de leur instrumentalisation : qu’elle soit une arme de domination coloniale ou le moyen de s’opposer à l’influence occidentale, qu’elle serve le projet panarabique, celui d’unifier la nation ou celui d’une purification ethnique, qu’elle permette l’affirmation d’une identité maghrébine ou qu’elle appuie le rapprochement avec le Moyen-Orient, qu’elle soit considérée comme sacrée, impure, pratique ou géopolitique, la langue en Algérie est l’objet de tous les luttes, ou presque. Nous nous intéressons à la façon dont l’art s’émancipe d’une double contrainte liée à la langue. La première tient aux formes de censure, officielle ou officieuse, exercée par les autorités. Confisquée par le pouvoir, la parole exprimée dans les stades, les cabarets et les sphères privées, trouve sans doute dans le hirak l’occasion d’une nouvelle expression publique, et dans l’art celle de témoigner. La seconde tient à l’arabe comme langue du Coran et à la délicate question de l’interprétation des Écritures qui en découle. Sans aborder frontalement la thématique religieuse, nous cherchons à comprendre comment les artistes s’approprient la langue sacrée, supposément intouchable, pour l’inscrire dans des représentations profanes, documentaires ou critiques.
Entre dires et silences : témoigner, transmettre, mettre en récit les traumas
Dans une culture fortement marquée par la tradition orale, la mémoire et la transmission sont plus que jamais conditionnées par la possibilité de pratiquer la parole. Or les multiples traumas de l’histoire contemporaine de l’Algérie (colonisation, guerre de libération, islamisme, décennie noire, autoritarisme d’Etat…) sont causes d’interdits, de dénis, de refoulements qui inhibent la parole et interdisent souvent de les mettre en récit. L’apparition de la fonction testimoniale et documentaire dans l’art algérien contemporain répond ainsi cette nécessité de témoigner, du passé comme du présent (colonisation, guerre de libération, socialisme, décennie noire, l’ère Bouteflika, hirak), de proposer des réécritures, d’exhumer ce qui a été effacé ou falsifié, de donner une voix à tous les oubliés. Comment l’art négocie-t-il avec ces silences en héritage, ces défauts de communication, entre les générations, entre les ethnies, entre les classes sociales ? La langue trouve-t-elle auprès des artistes des occasions de se délier ?
Langue, arts et résistance
La poésie et la chanson constituent incontestablement les moyens privilégiés pour faire passer des messages contestataires. L’assassinat du poète kabyle Lounès Matoub ou du chanteur Cheb Hasni, pour ne citer qu’eux, en sont les malheureux symptômes. Apolitiques, les musiques populaires (chaabi, raï) n’en ont pas moins permis de libérer la parole et d’exprimer des désirs de liberté proprement subversifs dans une société aussi conservatrice que l’Algérie, qui plus est cadenassée par un pouvoir militaire. La littérature est par ailleurs révélatrice des problèmes liés à l’effraction coloniale. Pour les écrivains algériens de langue française (Kateb Yacine, Mourad Bourboune, Mouloud Mammeri, Mohamed Dib, Assia Djebar, Rachid Boudjedra, Kamel Daoud et Boualem Sansal), la littérature est devenue un moyen de s’approprier la langue du dominant, de s’en emparer (un « butin de guerre »), tout en proclamant son appartenance à la communauté algérienne et la difficulté à assumer cette schizophrénie linguistique, génératrice de clivages culturels. Quand la langue est colonisée, qu’est-ce en effet que porter l‘autre en soi ? Comment renverser les rapports de domination qui s’y jouent ?
Texte de Florian Gaité
Rendez-vous_rencontres_flyer (PDF)
Florian Gaité.
Docteur en philosophie, ATER en Esthétique et philosophie de l’art à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Florian Gaité est chercheur associé à l’Institut ACTE (axe « Esthétique et théories critiques de la culture »). Membre de l’Association Internationale des Critiques d’Art,lauréat du Prix AICA-France 2019, Florian Gaité a travaillé pour la presse écrite (Artpress, The Art Newspaper, paris-art.com…) et la radio (« La Dispute » sur France Culture) dans le champ des arts plastiques, de la performance et de la danse. Il publie en 2021 un recueil de critiques Tout à danser s’épuise aux éditions Sombres torrents.
BIOGRAPHIES DES PARTICIPANTS.
Louisa Babari
Née en 1969 à Moscou
Vit et travaille à Paris
Louisa Babari grandit à Alger et à Moscou. Diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris en Études contemporaines et Cinéma, sa production artistique est constituée d’œuvres vidéo, d’installations photographiques et sonores, d’œuvres graphiques et de sculptures. Elles activent des formes et discours liés aux changements esthétiques et sociaux dans les anciens pays socialistes, aux résistances et aux luttes d’indépendance, à l’exploration de ses propres archives familiales, aux phénomènes de déplacement, aux questions liées à l’architecture, au corps, à la littérature et à la traduction. En 2014, son travail donne lieu à une publication, éditée par Alberto Garcia Alix pour la maison d’édition madrilène Cabeza de chorlito. Depuis 2015, elle développe un travail de recherche sur les transformations liées à l’architecture et à l’histoire du bâti en Algérie et dans les grandes villes et sites patrimoniaux africains. Elle poursuit cette recherche au Vietnam et photographie la métamorphose des villages côtiers. En 2018, elle crée Voix Publiques, une installation sonore et un programme de poésie panafricaine qui, destiné à l’espace public, soutient la production littéraire africaine. Depuis 2013, elle collabore à des revues d’art et d’opinion pour lesquelles elle rédige articles et essais. Ses œuvres ont été exposées et diffusées en Afrique, en Europe et aux États-Unis.
Adel Bentounsi
Né en 1982 à Annaba, Algérie
Vit et travaille entre Annaba et Paris
Après avoir obtenu un BAC artistique à l’École des Beaux-Arts d’Annaba en 2007, Adel Bentounsi fut renvoyé l’année suivante et privé de formation dans toutes les écoles d’art algériennes. En 2013, il intègre l’École Supérieure d’art de Dunkerque qu’il abandonne après une année d’étude. Du dessin à la peinture, de l’image fixe à l’image en mouvement en passant par la performance, l’installation et le graphisme, Adel Bentounsi multiplie l’exploration des formes sensibles. Ses œuvres explorent la question de l’existence humaine ainsi que l’organisation des sociétés contemporaines. L’artiste considère l’acte artistique comme un acte de résistance, une façon d’être bousculé et de se retenir de tomber, voyant dans l’œuvre d’art un ensemble de débris laissés après un accident. Son œuvre invite à déconstruire les tabous et révéler les contradictions de la société algérienne. En 2013, il décide de brûler toutes ses peintures, où il performe un autodafé de ses propres œuvres, un moyen de rompre avec sa pratique de la peinture, d’exprimer un refus de la représentation et de l’aspect décoratif du médium.
Walid Bouchouchi (Studio Akakir)
Né en 1989 à Alger
Vit et travaille à Marseille
Diplômé de l’École Supérieure des Beaux-Arts d’Alger, Walid Bouchouchi fonde le studio de design Akakir à Paris en 2016. Actif dans le milieu de la culture, il assure des missions de direction artistique et de graphisme, allant de l’élaboration de typographies à des travaux d’illustration. Il a notamment conçu l’identité visuelle de différents festivals artistiques internationaux (Ciné-Palestine à Paris, Aflam à Marseille, Kalima Fiesta à Bruxelles, Phonetics à Alger ou Nyokobop à Paris). Créant des ponts entre différents systèmes d’expression graphiques, le studio Akakir élabore un langage visuel multilingue et multi-scriptual, composé à partir de plusieurs langues et alphabets, au sein duquel cohabitent différentes cultures. Prenant position contre l’homogénéisation des images dans la culture globale, ses réalisations procèdent d’un jeu constant entre une volonté de déconstruire les repères visuels dominants et l’appel à des symboles communs, puisant notamment dans la culture populaire. Ce travail s’accompagne de la production d’outils critiques et pédagogiques, marqués par leur aspect ludique, destinés à initier les usagers à la perception de ces nouvelles écritures. Walid Bouchouchi a également développé un travail artistique plus personnel, fondé sur la création de polices de caractères multiculturelles (arabe, latine et amazigh), d’un alphabet phonétique (Fono-type) et d’objets de design.
Fatima Chafaa
Née en 1973 à Alger
Vit et travaille à Alger
Enseignante en arts plastiques, elle a exercé comme photographe, pratiquant dans le Labo-photo familial, avant de se former à la peinture à l’École Supérieure des Beaux-arts d’Alger, dont elle ressort diplômée en 2006. La poupée, ancienne obsession de son enfance, est devenue un élément-clé de ses créations qui mêlent peinture et sculpture à l’expérience photographique. Les installations qu’elle réalise dégagent une atmosphère prenante et soulèvent des questions sur la persistance de l’enfance chez l’adulte. L’artiste met en œuvre l’ambiguïté et l’ambivalence du quotidien, à partir de thèmes personnels, intimes, invitant à éprouver la relation observateur-observé. Ses œuvres reposent souvent sur la confrontation des contraires, comme un refus des normes sociales imposées (corps propre/corps sale, violence/beauté, sublime/vulgarité). Lauréate de plusieurs prix dont le Prix Ali Maachi du Président de la République (2008), elle expose régulièrement en Algérie depuis 2003 et à l’étranger depuis 2007.
Dalila Dalléas Bouzar
Née en 1974 à Oran
Vit et travaille entre Bordeaux et l’Algérie.
Dalila Dalléas Bouzar s’est d’abord formée à la biologie avant de découvrir la peinture lors d’un workshop à Berlin. Devenue pour elle un défi, elle s’inscrit aux Beaux-arts de Paris pour perfectionner ce qui devient son médium de prédilection. Du politique à l’historique, du biologique au psychologique, son œuvre interroge à plusieurs niveaux les pouvoirs de la représentation picturale. Son obsession à peindre des corps traduit sa volonté de considérer le portrait comme un moyen d’investigation identitaire ou d’expression critique des rapports de domination. Particulièrement sensible aux violences faites aux corps, elle considère la peinture comme un moyen de préserver, de régénérer ou de réinventer leur intégrité. Sa pratique s’est élargie à la performance puis à l’art textile, deux moyens d’éprouver son corps dans la forme rituelle et la création collective. Née à Oran, de parents algériens, elle tire de sa double culture d’autres rapports à l’image, à l’objet et au sacré. Elle qui s’identifie avant tout aux femmes africaines et à leurs traditions puise dans la mémoire algérienne les formes d’une histoire de la violence à laquelle son œuvre vient répondre. (daliladalleas.com).
Mounir Gouri
Né en 1985 à Annaba
Vit et travaille à Paris
Diplômé en 2011 de l’École des Beaux- Arts d’Annaba, puis en 2020, de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, Mounir Gouri fait partie de cette jeune génération concernée par le statut de l’artiste et les réalités sociales, culturelles et politiques. S’il grandit dans le contexte de la guerre civile, le travail de l’artiste s’inscrit dans l’actualité et les enjeux socio-politiques économiques de la société algérienne. De la performance à la vidéo, de la photographie à la sculpture, en passant par le dessin, la pratique de Mounir Gouri se nourrit des nouveaux médias. Récemment intégrés à ses outils de prédilection, le charbon et le fusain deviennent dans ses œuvres graphiques et performatives les moyens d’interroger et de réaffirmer son identité d’africain. Il participe au Festival panafricain d’Alger en 2009, à la Foire des dessins contemporains d’Oran en 2013. Son travail a été vu à Cuba à 2010, à l’Institut Français d’Annaba en 2012, à la 3e Biennale d’Art Contemporain d’Oran en 2014. En 2019, il remporte le prix du Jury de la 4e édition du prix des Amis de l’Institut du Monde Arabe (Paris)
Sabrina Idiri Chemloul
Née à Alger
Vit et travaille entre Paris et Algérie
Du septième art à l’art vidéo, Sabrina Idiri Chemloul explore identités, hybridités et désir de transmission avec l’image en mouvement. En 2002, membre de l’Atelier de Cinéma Expérimental L’Etna, elle réalise son premier court-métrage, Ces images qui me regardent, un poème visuel composé de photographies et d’images d’archives, intégré à la pièce Le Poète Encerclé, mise en scène par Réda Kateb en 2003. Elle poursuit son parcours entre le Canada et les Etats-Unis où elle réalise son second court-métrage, Mario’s Flower. A son retour en France, son scénario de long-métrage, La Bâtarde, obtient l’Aide à la Réécriture du CNC. Parallèlement elle développe son projet de court-métrage, Deux ou trois choses que je ne sais pas d’elle, sélectionné dans le cadre du Festival Coté Court – 2019, ainsi que le documentaire, Celle à qui je n’ai jamais dit maman. Du documentaire à l’auto fiction, le glissement vers l’art vidéo devient alors un moyen de créer de manière plus spontanée et autonome. L’usage des nouveaux médias, plus spécifiquement l’enregistrement d’images avec son téléphone portable, lui permet de développer son goût pour une expression libre et protéiforme.
Fatima Idiri
Née à Bouzina
Vit et travaille à Oran
Née dans les Aurès au nord-est de l’Algérie, berceau du peuple Chaoui, Fatima Idiri arrive à Nancy à l’âge de deux ans. Sa famille, qui fait partie des réseaux de résistance implantés en France, rentre en Algérie en 1962 à son indépendance. Du stylisme-modélisme à la peinture sur soie, de la mosaïque à la broderie berbère, en passant par la broderie au ruban, la peinture sur verre, le macramé et la poterie, elle apprend d’abord l’art en autodidacte. Son goût pour la peinture la conduit toutefois à suivre les cours du plasticien, Rachid Bouknadel, pour perfectionner sa technique. Si elle a fortement été influencée par les courants impressionniste et orientaliste, dont elle réalise la reproduction de nombreux tableaux, Fatima Idiri trouve dans le dessin figuratif une possibilité d’affirmer son identité artistique. Sa pratique devient alors une façon de perpétuer la mémoire des femmes oubliées ou invisibilisées de sa lignée ancestrale : bergères et poétesses, danseuses et guérisseuses, tisseuses de rêves et passeuses d’histoires.
Amina Menia
Née en 1976 à Alger
Vit et travaille à Alger, Algérie
Amina Menia est une artiste plasticienne avec une pratique multimédia qui varie les techniques et les supports (installations in-situ, photographies, vidéo…). Son travail est une forme d’archéologie urbaine aux croisements de l’histoire, de la mémoire des lieux et du langage architectural. Elle s’intéresse également à l’espace public et à sa réappropriation par le geste artistique. Parmi ses oeuvres, Extra Muros (2005), Chrysanthèmes (2009), Un album de famille bien particulier (2012), Enclosed (2013), Lost qibla (2017), Foot de Libération Nationale (2020). Les œuvres d’Amina Menia ont été exposées dans plusieurs musées, galeries, et centres d’art à l’internationale, dont le Centre Pompidou à Paris, le New Museum de New York, le Museum of African Design de Johannesburg, le Musée d’Art Contemporain de Marseille, le Royal Hibernian Academy de Dublin. Elle a également pris part aux prestigieuses Triennales de Brugges (Belgique) et de Folkestone (Grande-Bretagne) ainsi qu’aux Biennales de Sharjah et de Dakar. Ses œuvres sont enfin entrées dans de nombreuses collections publiques.
Sadek Rahim
Né en 1971 à Oran
Vit et travaille à Oran, Algérie
Sadek Rahim est un artiste pluridisciplinaire, faisant appel au dessin, à la peinture, à la sculpture, à l’installation, la photographie ou la vidéo. Dans les années 90, il voyage et vie en Syrie et en Jordanie, avant d’entamer des études à l’école des Beaux-Arts de Beyrouth (Liban), puis à la prestigieuse Saint Martin’s School of Arts and Design à London dont il est diplômé. Il a choisi, depuis 2004, de vivre et travailler en Algérie, tout en développant une carrière internationale (Emirats Arabes Unis, France, Corée, Espagne, Argentine, Allemagne, Grande-Bretagne, Liban, Slovaquie, Tunisie, Maroc, Sénégal, Etats-Unis…). Très actif dans le paysage culturel algérien, Sadek Rahim est le premier artiste à présenter, en 2012, une exposition personnelle exclusivement composée de dessin contemporain, à l’Institut Français d’Oran. Il est ensuite à l’initiative, en 2013, du 1er salon du dessin contemporain d’Algérie, à Oran. À l’été 2019, sous le commissariat de Marie Deparis-Yafil, il signe, avec Gravity3 la première exposition d’art contemporain monographique d’envergure au Musée d’Art Moderne et Contemporain d’Oran MAMO, en plein cœur du hirak (le «mouvement »), première exposition de l’ère post-Bouteflika. Ses œuvres ont été acquises par de nombreux collectionneurs privés dans le monde ainsi que par la Fondation Zinsou, au Bénin, et le Musée National de Constantine, en Algérie. Sadek Rahim est consultant pour l’art contemporain algérien pour La Société Générale Algérie et membre régulier du Jury du prix Société Générale / Jeune Artiste Peintre. Il est également co-fondateur, et commissaire général de la Biennale Méditerranéenne d’Art Contemporain d’Oran, en collaboration avec l’association Civ-Oeil.