Questionnée par Naciba Chabani d’el Watan sur le moment marquant de ce projet, Amina Menia revient sur sa rencontre avec la légende du foot de libération national Rachid Mekhloufi : « La réalisation de mon dernier film, Foot de Libération Nationale et la rencontre avec l’immense Rachid Mekhloufi. Ce fut quelque chose d’extrêmement émouvant et d’extrêmement significatif pour moi. Ce film était ainsi une manière de montrer la filiation entre la génération de 1958 et celle d’aujourd’hui, y compris celle du 22 Février (date symbilisant le début du Hirak).». Les choix techniques, l’artiste décrit son approche iconographique ainsi ses choix, « Le format : triptyque, pratique ancienne et moderne de peintres, sculpteurs, cinéastes (à l’exemple d’Abel Gance), etc. Placer le foot et ses archives au centre, c’est les sanctifier, volontairement ou pas. Le portrait de Rachid Mekhloufi à droite, c’est rappeler l’icône du foot. Dans l’art religieux orthodoxe, cette position est emblématique. A gauche, le narrateur (Slimane) Zeghidour ou la ligne de fuite qui relie le présent au passé, le mythe à la réalité, tout comme le dialogue entre l’artiste et son modèle où je suis allée chercher l’émotion. Au troisième regard (et pas le dernier), la note dominante du parti pris artistique est la réduction de la foule en nébuleuse rouge sang, transe, souffle haletant et battement des cœurs à l’unisson. Quant à ‘‘Libération nationale’’, un des sourires en coin du héros semble nous en dire plus long ».
Le premier recueille de la vidéo donne la parole de Rachid Mekhloufi, l’une des stars de l’AS Saint-Étienne dans les années 1960 et véritable figure de « l’arbre généalogique » du football algérien. Dans le second, Slimane Zeghidour, écrivain, grand reporter et fin spécialiste des questions géopolitiques, pose un regard distancié sur le football comme symptôme majeur de notre époque. Il offre une lecture éclairée sur le poids de l’Histoire, notamment coloniale, dans le tissage heurté des relations entre les peuples algérien et français. Amina Menia interroge le football comme échappatoire sociale et met au jour la manière dont le récit collectif qui s’invente à travers ce sport devient le substitut d’une réelle histoire démocratique. Amina Menia est née en 1976 à Alger (Algérie) où elle vit encore aujourd’hui.
Synthese Tarik Ouamer-Ali