L’Irak a été littéralement pulvérisé de la sorte, malgré son caractère de civilisation patrimoniale universelle, mère de toutes celles lumineuses qui lui ont succédé en Méditerranée. Et pour assurer définitivement l’anéantissement, on a imaginé une arme imparable et infaillible : l’autodestruction intestinale systématique de la conquête par des forces intérieures rendues ennemies, antagonistes, créées de toutes pièces, soutenues puissamment par des intérêts séparatistes, essentiellement criminels. Et c’est en lambeaux déchiquetés qu’un immense pays, d’une immense culture, pourtant en phase avec les progrès du monde moderne pacifique, s’est retrouvé désormais livré aux charognards cupides nationaux et étrangers ! Certainement le plus grand méfait de l’histoire de l’humanité. On s’en souviendra comme d’un drame éternel, irréparable. On en pleurera longtemps dans les pays musulmans.
L’autodestruction permanente des territoires conquis à dépouiller, comme solution finale savamment concoctée, fallait y songer ! La Libye vient de s’y prêter à son tour. Quel drame pour les pauvres gens attachés à la fibre de leur terroir comme seul patrimoine modeste, personnel et national. Et qui n’en ont rien à fiche du pétrole ! Attention, le piège est avéré, grossier, ça fonctionne à tous les coups. De la saleté !
Au suivant.
Donc accorder encore un intérêt ou un crédit moral quelconque à l’activité politique des pays occidentaux ruinés, mais en ordre de guerre, attelés au maintien désespéré de leur sinistre civilisation en déperdition, relève de la naïveté, de la pure perte de temps. Car l’animal blessé à mort continuera à se débattre, à semer le désastre et le malheur pour s’accrocher en vampire, désespérément à la vie. S’y intéresser même en contradicteur tout simplement alimente le fond de la poubelle d’une information mondiale aux ordres et qui nourrit le monstre du seul débat de dupes. Sa raison d’être.
Jamais pays arabe, tiers-mondiste, musulman, à fortiori producteur de pétrole, ne s’est relevé du dépeçage et implosion commandité de manière machiavélique ou plus exactement shakespearienne perverse. Vraie perte de temps, regardons ailleurs comment s’en sortir par le haut. Car les nations européennes constituées pour la majorité sur la violence et la souffrance des peuples momentanément affaiblis ne savent pas faire autrement. Des nations qui s’en enorgueillissent du reste plein les rayons de bibliothèques, plein de commémorations publiques de leurs champs de batailles et victoires guerrières atrocement meurtrières.
Là, l’urgence et la sagesse dictent par contre, de porter plus tôt le regard sur la naissance perceptible d’une nouvelle civilisation, orientale, constituée essentiellement de pays émergeant, plus en phase avec la construction d’un nouveau monde, d’une tout autre culture, vraiment libre pour être prospère. Comme il en existait.
Et sans doute, l’Irak et la Libye ressusciteront à leur tour, comme ont réapparu miraculeusement et pour le bonheur de l’humanité, des nations balkaniques que l’on avait cru disparues à jamais. Européennes il est vrai.
Janvier 2014
Boabdil remettant les clés de Grenade à Ferdinand et Isabelle – Oeuvre de Francisco Pradilla y Ortiz. Abû `Abd Allâh “az-Zughbî” Mohammed ben Abî al-Hasan `Alî est le vingt-deuxième émir nasride de Grenade. Il est surnommé Az-Zughbî (l’infortuné) et appelé Boabdil (déformation castillane de Abû Abdil-lah) ou El Chico (Le Jeune) par les Castillans. Il est né à Grenade en 1459. Il est le fils de Abû al-Hasan `Alî dit El viejo (L’Ancien). Il lui succède en 1482. Il règne sous le nom de Muhammad XII az-Zughbî sur le Royaume de Grenade et en est le dernier souverain. Le royaume disparaît en 1492. Selon les écrits de l’historien tlemcénien Al-Maqqari, (à ce jour, seule source historiquement admise) il décède en 1532 ou 1533 à Fès. Les Espagnols s’en souviennent aussi sous le nom de El Moro, « le Maure », ramenant ainsi les conquérants initiaux à leur ultime représentant.
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Farid Talbi (1937-2019) est artiste peintre, il fut collaborateur et chroniqueur sur founoune.com de 2008 à 2019. Un fidèle compagnon au regard précieux et averti. De ces gens qui passent il ne ratait aucun détail, « Mes toiles comme ma prose, faut faire avec, telles quelles, ou passer son chemin… » Allah Yerahmou.