Compte-rendu de l’expérience des artistes algériens aux Journées de l’art contemporain de Carthage
Du 16 au 22 novembre s’est tenue la seconde édition des Journée d’Art Contemporain de Carthage. Un programme assez riche, sous l’intitulé TEMPORALITÉ ET TERRITOIRES, MÉMOIRE ET PROJECTION, HUMAIN ET TECHNOLOGIE, RACINE ET CHANGEMENT, OBSERVATION ET ÉMOTION sous la direction de la commissaire Samah Habachi, directrice de la Maison des Arts du Belvédère.
Ainsi, étaient prévus : une exposition internationale à la Cité de la Culture avec 21 artistes étrangers de 16 nationalités différentes et 31 artistes tunisiens ; une exposition nationale toujours à la Cité de la Culture avec 75 œuvres créées après la révolution et acquises par l’Etat ; deux Workshop en Graffitis et Street Art à Tataouine et à Kasserine pendant dix jours avec des étudiants et de jeunes créateurs de la région ; une exposition de dessin et de gravure au Musée du Bardo avec 30 artistes tunisiens ; une autre exposition « l’Affiche à l’œuvre » au Palais el Abdelliya a présenté 100 affiches d’exposition, nationales, d’arts plastiques (dessins, gravures, peintures, sculptures, photos, …) ayant eu lieu dans différentes galeries entre 1972 et 2018. Enfin, un panel au Palais de Ennajma Ezzahra avec 6 conférenciers venant d’Algérie, du Sénégal, de France et de Tunisie, parmi eux Hellal Zoubir, Bernadette et Thierry Dufêne, Fateh Ben Ameur, Viye Diba, Mohamed Guiga, Alain Quemin, débattent du thème « L’art contemporain au prisme de l’interdisciplinarité ». Et un Talk en première partie avec Elsa Despiney, Majed Zalila, Mouna Jemal, Marriane Catzaras et Amira Mtimet. Et en seconde partie avec Joelle Le Bussy, Sana Braham Sanhaji, Karim Sghair et Emna Ben Yedder.
Pour les artistes algériens participants, il y a eu 4 : Fatima Chafaa a présenté une installation photographique intitulée « Le tapis de ma mère », Abdelhalim Kebieche a présenté des peintures dont son œuvre « Absurdité », Mustapha Ghedjati et Salah Jamal ont présenté également des travaux de peinture. De leur passage à Carthage, ils gardent une très bonne expérience. En effet, ils s’accordent tous à dire que l’organisation a été bien préparée, qu’il y avait beaucoup de choses à voir et à découvrir. Pour Abdelhalim, une des rencontres les plus marquante a été avec l’artiste Khaled Zaki. Ce sculpteur égyptien de 55 ans, vivant entre le Caire, la Tunisie et l’Italie, a exposé aux JACC* des œuvres très originales. “Notre vision reste tournée vers l’Europe, mais il y a de grands plasticiens arabes reconnus mondialement”.
Ajoutant de l’eau à son moulin, Fatima affirme que la chose la plus importante lors de ses événements ce sont les rencontres sur le plan humain : “On a pas souvent l’occasion de rencontrer et de connaitre des artistes de la région. Des marocains, des tunisiens, des qataris et mêmes des libyens étaient présents. Nous constatons que beaucoup de problèmes liés au milieu artistique sont communs au Maghreb. J’ai vraiment été touchée par les deux jeunes filles libyennes, Aicha El Hawari et Shefa Salem El Baraasi, qui ont pu venir assister à la manifestations malgré la situation de leur pays. Ce qui était bien aussi, c’est qu’il y avait des galeries invitées du Soudan, du Qatar, de Turquie, chaque jour, il y avait une programmation dans des lieux différents, nous avons pu visiter des ateliers d’artistes comme chez Mouna Jemal Siala. J’aurais aimé assister aux workshops qui ont eu lieu avant notre arrivée. Parmi les œuvres les plus marquantes, l’oeuvre d’une italienne Elena Randini, elle travaille sur les maladies, elle a créé un volume sphérique de bandages qui m’a fait beaucoup d’effets. Un irakien, Sattar Naama, a fait une performance en utilisant une cocotte avec de la tomate comme encre, pour signifier le sang et est allé vers sa toile et l’a déchirée. Pour moi, c’était une manière de dire que la seule façon de guérir c’est d’aller vers l’art. C’était une performance un peu dure, surtout avec l’acte de déchirer sa toile qui était très symbolique”.
Propos recueillis par Neila Djedim
* JACC : Journées d’art contemporain de Carthage.
Pour plus d’informations :
Sur les workshops : https://twitter.com/JACCTunisie
https://chafaafatima.jimdo.com/