« Des gens qui vont manger un brin, dormir un coup, voter encore, se gratter licitement, regarder le ciel s’en aller, ramer dans l’oued en crue, tirer une bouffée, applaudir les fins de discours, se plaindre du voisin, lire dans le marc de café, galérer sec, se chauffer la tête, s’envoyer en l’air, souffler dans la pipette, se caresser un jour l’ échine fourbue, mentir à sa mère, pleurer sa douleur secrète, bosser du chameau, se faire faire chez les Grecs par la famille, commander la charge, obéir au maître, éculer vaillamment les mouches, improviser un tract, miauler en chœur, s’en sortir par derrière, draguer la caissière, faire la chèvre, tirer la chasse, ne pas lire le journal, colmater ses trous de mémoire, singer le maître des lieux, imaginer une copine pas comme celle-là, ravaler la façade, se marier pour bien faire, siffler les filles, compter ses sous, martyriser sa propre chatte, raser les murs, friser la mort, parler à son nombril, croire son chien, faire le beau, se faire la belle. Des gens qui passent, sur la grande rue piétonne qui en a vu d’autres, qui en verra bien d’autres, rue Gambetta prolongée, de la Lyre, de Lyon, de Clichy, de la Gaudriole …».
Farid Talbi
Février 2017