Près de cinquante ans que les médias en général, et la télé du remplissage des gourdes vides en particulier, nous amusent avec le bégaiement de savantes dérobades visant à ne rien faire et laisser braire, et autres bla-bla officiel soporifique de prestidigitateurs, néanmoins coiffeurs affichant : “aujourd’hui comptant, demain on rase gratis”. La Qasba encore !
Que veut-on ? Que peut-on au juste ?
Envisage-t-on vraiment de réhabiliter la Qasba comme une l’œuvre de constructions anciennes distinguant une courte époque d’occupation ottomane et l’ histoire d’un art de savoir être et vivre citadin particulier, dans un cadre architectural singulier attrayant, alors même que depuis des décades le quartier croule en ruines, de plus en plus dévastatrices ?
Et sans doute ce site horriblement blessé, comme d’autres dans la mégalopole, est – il devenu la cicatrice identitaire caractéristique du nouvel urbanisme de surpeuplement débordant les libertés abusées, le site défiguré par l’occupation délibérément anarchique des biens de commodités publics (passage, rue, abords réservés….. ), et par les aménagements modernistes (branchements horribles) , sans que ne soit permis ou réputé possible le moyen d’y parer un tant soit peu.
Ou bien veut on ravaler la façade des rares reliques d’apparences beylicales encore miraculeusement sur pieds, au badigeon, juste pour retoquer un décor évocateur d’un faste passé plus imaginaire que réel, aux regards surpris de visiteurs éplorés de tant de dégâts, imputables aux pourtant habitants des lieux, en si peu de temps ?
Ou encore souhaite-t-on réaliser des travaux de consolidation et d’urgence, de la rustine, en songeant accessoirement à la sécurité de survie ultime de gens accrochés là, poches de clientélisme multi-carte, à l’évidence incapables de réagir à hauteur des dépenses de ruineuse restauration, si elle leur incombait ?
Ou enfin vise-t-on toujours à planter le simulacre de décor d’un chantier perpétuel, « meilleur du monde de dialna », un puits de dépenses publiques pour alimenter faute de mieux des débats stériles de spécialistes, les esprits étroits en rade d’idées, les nouveaux métiers fructueux d’administrateurs de l’illusoire et paix sociale , des générations de chefs d’échecs patents, distraire une galerie crédule emplie de rêves et nostalgie puérile de “hadjitek”, des télés du moindre effort et plein emploi du reste ?
Chaque fois du mauvais cinéma grotesque, avec inaugurations et youyous réchauffés qui n’intéressent plus grand monde, à force d’abus indigestes et inconsidérés de cérémonies officielles,. Et le torticolis du cortex pour l’observateur lambda ,incrédule, avide de miracles, faute de mieux, depuis le temps que les bonimenteurs la lui la racontent en couleur , et relief panoramique.
Car justement une question pollue sérieusement l’affaire, interrogation jamais traitée de front, et pour cause !
Parlons-en .
Si réellement il devait s’agir de faire œuvre de restauration sérieuse, magistrale et pérenne de nature architecturale originelle et historique de la Qasba d’Alger, la réalisation demanderait beaucoup plus d’adhésions au projet d’ensemble que d’argent, technicité et temps.
Car il s’imposerait impérieusement de travailler à loisir, sans aucun occupant permanent sur les lieux, d’abord en perspective de positionner radicalement le site sur des fondements d’occupation pratiques (de fonds en combles) modernes à souhait. Énorme chantier, devant être dépourvu d’entraves quelconques bloquant l’avancée des grands œuvres. Travaux sur électricité et éclairage publique, adduction eau, évacuations eaux usées, chauffage et /ou conditionnement air (collectif) …
Plus rien, strictement rien de ces aménagement d’ensemble puis branchements individuels, ne devrait polluer la vue, paraître à l’air libre, à l’œil nu, bref dans l’objectif de la photo en perspective d’authenticité. Or pour travailler librement, à loisir, la nécessité qui s’impose de vider le chantier de tout habitant occupant , représenterait le plus lourd des handicaps à lever, en raison de la nature sociale bien sensible de la mesure sur laquelle il s’agira de trancher net, dans le vif. La question. Insoluble apparemment.
Quant à la nouvelle occupation résidentielle de la Qasba réhabilitée, un autre problème.
Farid Talbi
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