Le rayonnement de l’AARC semble payant après la tartufferie régionaliste exposant au MAMO à l’occasion des JM 2022, un groupe d’artistes de l’ouest pour un événement méditerranéen sous la diligence de Zoubir Hellal (commissaire) et Meriem Ait El Hara (animatrice du département de l’AARC). «Le sport, l’art et les artistes aux Jeux méditerranéens d’Oran» est le titre de cette exposition régionaliste.
Selon l’article de la journaliste O.HIND sur expressiondz, Zoubir Hellal les a fait travailler sur un format 120×120 cm “pour créer l’unité”. Deux peintures ont été réalisées par chaque artiste. Une par artiste sera offerte au Mamo. Les «60 peintures inédites» réalisées pour l’expo ont été effectuées durant un laps de temps très court, soit entre mai et juin 2022, apprend-t-on. «Elles ont été réalisées en workshop en grande partie dans les écoles régionales». Parmi les artistes participants, on peut citer Noureddine Belhachemi, Mohamed Oulhaci, Adlane Djeffal, Hachemi Ameur, Ahmed Hamidi, Abdelkader Belkhorisset, Saïd Debladji, Abdelkader Mahboub, Hicham Belhamiti, Farouk Abbou, Slimane Cherif, Larbi Maâradji, Djillali Djafer Fekir, Hadj Khero Kassem, Hadjer Mihoub, Amira Bouzar, Adel Dib, Amine Karoun, Merouan Djeffal, Ababou Djaoud, Soumia Benhaddou, Salah Tebaïbia, Tadjmahel Mazouz, Djamel Eddine Benchenine, Merine Hadj Abderahmane, Anis Djebli, Moussa Douar, Ismahane Mezouar, Oussama Harrachif et Kef Nemr Abdelouaheb.
À noter que «La Fête de l’indépendance et les Jeux méditerranéens (JM)» sont les deux thématiques sur lesquelles les artistes candidats ont travaillé. La commémoration du 60ème anniversaire de l’indépendance préfigure toutes les manifestations.
Cette indélicatesse de l’AARC n’a certainement pas été du goût de la corporation. La réaction ne tarde pas puisqu’un groupe d’artistes de l’EST réagit en exposant à l’Institut français (Annaba) à partir du 14 juillet 2022, correspondant également à la fête nationale de la République Française. “Les artistes de l’EST exposent”, lit-on sur l’affiche de l’événement du 14 juillet au 14 août. Ainsi, 12 artistes, pour la plupart diplômés d’écoles d’art, entre architectes, artistes plasticiens (photographes, peintres, installationnistes,…) résidant en Algérie ou ailleurs, sont invités par l’IF de Annaba pour une exposition assez singulière. Le public d’Annaba pourra découvrir les artistes de l’EST (par opposition à ceux de l’OUEST au MAMO ?) durant un mois dans la nouvelle galerie d’art de l’institut français située à l’avant-port. Les artistes candidats sont : Raouf Ziani, Bilal Dafri, Lila Merad, Ahmed Soukehal, Bilel Ayad, Mounir Gouri, Sami Redimi, Lylia Afif, Ryma Rezaiguia, Lamine Sakri, Medfoued Sadaoui, Bouzid Temtem.
À la question du choix de la période et de la date du vernissage de l’EST Expose, l’un des participants affirme : “Parce que le 5 juillet, personne ne nous a invités, même gratuitement.” On a tout l’impression que cette exposition ressemble davantage à une barque de harraga traversant la Méditerranée. À bien voir, les dates d’exposition ne sont pas dépourvues d’insinuation, le protocolaire ayant souvent fait bon ménage avec la culture, la date de vernissage et celle du finissage sont des prononcés de foi, si le 14 juillet symbolise l’union de la nation française, le 14 août fait référence à la Bataille d’Isly et à la soumission de l’Algérie (1844), est-ce une coïncidence ? Pour rappel, le 14 août 1844, les troupes marocaines, alliées de l’émir Abd el-Kader, sont surprises par le général Thomas Bugeaud sur l’oued Isly, non loin de la frontière algéro-marocaine. Les 11 000 soldats français mettent en déroute les 60 000 cavaliers marocains. Cette bataille fut le point d’orgue de la guerre menée par les Français en Algérie depuis leur débarquement près d’Alger, en 1830. Elle sonne le glas de la lutte conduite par Abd el-Kader mais celui-ci et beaucoup d’autres de ses concitoyens résisteront encore plusieurs années à l’occupant avant de faire leur reddition.
Lorsqu’on imagine ce que l’EST algérien a enduré durant la colonisation et la guerre d’Algérie, cette indélicatesse durant les festivités du 60ème anniversaire de l’IF pourrait la dépasser, on lit que l’Institut Français a comme tâche de promouvoir la culture française à l’international en dialogue avec les cultures étrangères. En finalité, il n’agit pas seulement au croisement des secteurs artistiques, des échanges intellectuels, ou autre, n’est-ce pas ?
L’IF aurait pu choisir le 11 juillet ou le 12 ou le 13 ou la date du 5 juillet autant pour la date de finissage, mais il ne l’a pas fait. Selon un participant, le titre de l’exposition au départ était “Bona expose“, qu’est-ce qui a changé et pourquoi ? “L’EST Expose” est une forme d’exagération alors que seulement deux exposants ne sont pas de la ville de Annaba.
Afin de faire bonne figure et s’éloigner des tergiversations protocolaires, l’IF reconduit l’exposition de l’EST EXPOSE à l’IF de Constantine, ensuite à l’IF d’Oran, pour le plaisir des jeunes artistes en quête d’émotion, de nouvelles expériences et de découvertes que les institutions publiques DZ ne leur proposent pas. À croire que les IF sont là pour donner la chance aux exclus et aux oubliés, aux jeunes et vieux briscards qui n’ont pas accès au choix sélectif du ministère de la culture algérien.
Tarik Ouamer-Ali
Exposition : L’Est expose / IF Annaba / jeudi 14 juillet au 14 août 2022
Exposition : L’Est expose / IF Constantine / du 20 octobre au 17 nov 2022
Exposition : L’Est expose / IF Oran / du 11 mai au 08 juin 2023.