“Dans toutes les villes lointaines et dans tous les villages voisins
Le torrent coule dans les rues
Les serfouettes brillent dans les champs
Les drapeaux flottent
Un salut à toi pour la Liberté
Un salut pour tout peuple qui lutte
Qui rêve de la vie et de la paix”
Fairouz
Lettre à Djamila Bouhired, 1959
L’exposition Alger, archipel des libertés jette un pont entre plusieurs périodes révolutionnaires qu’a connu et connait jusqu’alors le continent africain. Elle réunira une quinzaine d’artistes dont les réflexions puisent dans les mémoires des luttes africaines, de même qu’elle raconte des trajectoires révolutionnaires iconiques et méconnues, fabrique des récits intimes et collectifs, tant historiques que fictionnels.
Son point de départ est Alger, et plus généralement l’Algérie, qui a connu deux périodes de son histoire synonyme de volonté d’émancipation des peuples : la période postcoloniale autour des années 1970 où s’invite à Alger plusieurs mouvements révolutionnaires de pays d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, et plus récemment, en 2019, où se produit une révolte nationale inattendue, qui prend communément le nom de « la révolution du sourire » par son caractère pacifiste.
Alger ne représente qu’un exemple récent de ce que traverse l’Afrique en termes de volontés de changements sociaux et politiques, car à l’instar des mouvements indépendantistes et révolutionnaires parus en Afrique dans les années 1950, qui trouvent d’ailleurs refuge à Alger, on assiste depuis 2011 à des révolutions et des révoltes endogènes, portées par une nouvelle jeunesse, dont la sphère virtuelle et les mouvements sociaux accompagnent la réappropriation de l’espace public, la rue, la place. Elles sont désireuses de libertés individuelle et collective, de réformes politiques, de meilleures conditions sociales et de travail, mais elles réclament particulièrement un changement de régime, la cessation de la corruption et de l’injustice. Si les révolutions de cette dernière décennie ne portent pas l’idéologie d’une union africaine, elles n’en demeurent pas moins similaires à celles des années 1950, en termes de volonté d’émancipation des peuples.
Nous chercherons à comprendre ce qui anime, depuis plusieurs décennies, le possible et le réel dans un continent, l’Afrique, qui « reste à ce jour l’unique endroit en capacité d’écouter le monde ». C’est la terre où tout peut arriver y compris, et surtout, la rencontre des ailleurs, le devenir commun, un Afropolitanisme qui lève enfin le voile sur l’échec de l’Universalisme et offre une nouvelle perspective. Longtemps terre des départs, l’Afrique est le continent de la diaspora aux déplacements voulus et souvent subis – il n’y a pas d’autre continent qui puisse autant affirmer qu’il « est au monde » – cette identité en a fait le lieu des confessions. L’Afrique est l’espace de l’écoute. Gigantesque parloir, on y vient, on y revient, pour se confesser de ses rêves colonialistes, de ses peurs, de ses fantasmes parfois. Dans ce vacarme de ceux qui parlent, l’Afrique attend qu’on l’écoute.
Source : frac-centre.fr
⇒Artistes exposé·es
Sunday Jack Akpan
Marwa Arsanios
Louisa Babari
Fatima Chafaa
François-Xavier Gbré
Caroline Gueye
le collectif Archives des luttes des femmes en Algérie
William Kentridge
Michèle Magema
Fatima Mazmouz
Driffa Mezenner
Mohamed Rachdi
Sadek Rahim
Leïla Saadna
Lydia Saidi
Zineb Sedira
Massinissa Selmani
Sofiane Zouggar
⇒Commissariat
Commissaire associée :
Nadira Laggoune, commissaire d’exposition et critique d’art
Commissaire de l’exposition :
Abdelkader Damani, directeur du Frac Centre-Val de Loire
⇒Informations pratiques
Exposition du 4 juin 2021 au 2 janvier 2022
Entrée gratuite.
Légende © Marwa Arsanios, Have you ever killed a Bear or Becoming Jamila, 2013-2014
Courtesy of the Artist and mor charpentier, Paris.
⇒ Exposition dans le cadre de la Saison Africa2020