Expo : FORGOTTEN BODIES / CORPS OUBLIÉS d’Amina Zoubir à Paris

Le travail d’Amina Zoubir remet en question la représentation du corps dans les photographies d’Afrique du Nord de l’époque coloniale. Le musée MARKK (Museum am Rothenbaum. Kulturen und Künste der Welt) conserve ces images en tant qu’artefacts historiques tout en reconnaissant leur potentiel de préjudice. L’approche d’Amina Zoubir consiste à déconstruire ces portraits pour repositionner les sujets, mettant ainsi en lumière l’impact généralisé de l’appropriation coloniale sur les corps . Une partie de l’exposition du musée MARKK à Hambourg est exposé actuellement à la galerie AYN.

Amina Zoubir’s work questions the representation of the body in colonial-era photographs of North Africa. The MARKK museum (Museum am Rothenbaum. Kulturen und Künste der Welt) preserves these images as historical artefacts while acknowledging their potential for harm. Amina Zoubir’s approach is to deconstruct these portraits in order to reposition the subjects, highlighting the widespread impact of colonial appropriation on the body. Part of the exhibition at the MARKK museum in Hamburg is currently on show at the AYN gallery.

Introduction à l’exposition

“Le travail d’Amina Zoubir se concentre sur la représentation et l’appropriation du corps féminin et masculin dans des photographies d’Afrique du Nord influencées par la colonisation et l’ethnographie. La collection de photos du MARKK contient un grand nombre de ces photographies, qui constituent également un défi pour le musée. En tant qu’objets et témoignages historiques, le musée les stocke et les conserve. Cependant, leur origine coïncide avec une époque de structures de pouvoir et de déséquilibres coloniaux et scientifiquement dominés par l’Europe, qui sont directement visibles dans les représentations photographiques des personnes et les images qu’elles créent. La reproduction, l’exposition et le visionnage non critiques risquent encore aujourd’hui de consolider ces images et de perpétuer l’objectivation violente des personnes représentées.

En revanche, la force du travail d’Amina Zoubir réside précisément dans le fait que, par une déconstruction et un recentrage délibérés de ces portraits difficiles et des images qu’ils véhiculent, les personnes représentées sont placées au niveau des yeux en tant que sujets, en rupture avec leur contexte historique d’origine, et sont ainsi rendues et maintenues visibles d’une nouvelle manière. La reproduction en série, sous forme de collage, met en évidence le nombre extrêmement élevé de femmes touchées par cette appropriation coloniale de leur corps.”

Jana Caroline Reimer,
Conservatrice de l’Afrique du Nord, de l’Asie occidentale et centrale et de l’Égypte ancienne.
MARKK Museum am Rothenbaum. Hambourg, Allemagne.

Amina Zoubir est une artiste plasticienne et vidéaste, née en 1983 en Algérie, elle est diplômée d’un master Théorie et Pratique de l’art contemporain et des nouveaux médias (Paris et en Design graphique de l’École des beaux-arts d’Alger. Ses œuvres – installations, dessins, sculptures, photographies, vidéos – sont des interventions textuelles et contextuelles sur divers matériaux (cire, bois, métaux et mur). Elles révèlent et déconstruisent une allusion comportementale de l’inconscient et de l’imaginaire des individus, évoluant dans un espace prédéterminé en fonction des contextes socioculturels, ethnopsychiques et politiques.”