Né en 1993 en Algérie, Fethi Sahraoui photographie les scènes de la vie ordinaire dans les camps sahraouis à la frontière sud-ouest de l’Algérie. il accorde à Radio France un entretien à l’occasion de la sortie de son livre “Triangles of Views” paru aux éditions La chambre claire. Un ouvrage qui se compose de deux corpus. Stadiumphilia se concentre sur l’expérience collective masculine dans les stades de football algériens, tandis qu’Escaping the Heatwave raconte l’histoire du même groupe dans les villes de Mascara et Relizane, dans l’ouest de l’Algérie, pendant la période la plus chaude de l’année. Entre bains de foule et bains de mer, Fethi Sahraoui a su saisir au vol les chorégraphies joyeuses d’une jeunesse libérée.
Du smartphone au livre-objet
Des photos pour remplacer les mots
“J’ai toujours été fasciné par les images et tout ce qui est visuel. Quand j’étais enfant, il y avait un dictionnaire Larousse illustré qui trainait à la maison, et je passais énormément de temps à feuilleter la partie réservée aux noms propres. C’est dans cet ouvrage que j’ai découvert pour la première fois des photographies de Capa, ou d’Henri Cartier-Bresson, mais aussi des noms de peintres ou d’architectes. En fait, pour moi, c’était internet avant l’heure.”
“Stadiumphilia””Stadiumphilia”
“Ce qui m’attire dans les photographies de Capa ou d’Henri Cartier-Bresson, c’est l’énergie qu’elles dégagent, et parfois une seule photo raconte une histoire à la perfection. Dès que j’ai découvert que cela était possible, j’ai vraiment été soulagé, parce que je n’ai jamais été doué aves les mots, alors pouvoir raconter des histoires avec des images a été le début de mon aventure visuelle.”
Un extrait de la préface du catalogue “Triangles of Views” par Omar Zelig
“Comme c’est le cas pour un certain nombre de créateurs du nouveau millénaire, les photos de Fethi Sahraoui ont été révélées via les réseaux sociaux, ce qui a mis en lumière une génération de photographes algériens très différente de celle qui utilisait la presse, les agences et le journalisme pour se faire connaître. La révolution numérique a, entre autres choses, rendu accessibles certaines images qui seraient autrement restées entre les mains de leurs auteurs, et il y avait une certaine ivresse à faire défiler des groupes et des pages, qui contenaient des quantités de clichés plus ou moins réussis, et à pouvoir discerner de nouvelles perspectives sur l’Algérie d’aujourd’hui qui ne devaient rien au journalisme, à la volonté de démontrer, de prouver ou d’illustrer, mais plutôt, figeaient de manière troublante notre réalité complexe et éphémère, et ne nécessitaient aucun commentaire.”
Les oeuvres de Fethi Sahraoui sur singulart
Selfie de collective 2020. De gauche à droite : Youcef Krache, Abdo Shanan, Houari Bouchenak, Fethi Sahraoui et Ramzy Benssadi. Photo Collective 220.