Art et mémoire au Maghreb s’associe au Printemps des poètes 2018 dans la manifestation organisée par le Centre culturel de Vitry en présentant un récital de poésies dites par l’artiste Djilali Kadid. Avec les poèmes d’Henri Kréa et de Djamel Amrani, c’est autant de voix algériennes inspirées par l’amour de la liberté qui sont saisies au moment historique de la lutte pour l’Indépendance (années 1950-1960).
ART ET MEMOIRE AU MAGHREB et le Centre culturel de Vitry-sur-Seine Dans le cadre du Printemps des Poètes 2018
ARDEURS : voix Ardentes d’Algérie
Henri KREA - Djamel AMRANI
Lecture par Djilali KADID
Date : Dimanche 25 mars à 15 h
Lieu : Maison des Associations36, rue Audigeois - 94400 Vitry-sur-Seine
site : https://www.printempsdespoetes.com/
Henri Kréa, né en 1933 à Alger, poète de talent attaché viscéralement à l’Algérie qui ne le reconnaît pas assez comme l’une de ses grandes voix. Dans les années 1950, il fait partie avec ses amis le poète Alain Jouffroy, les peintres Jean-Jacques Lebel et Erro, de ceux qui appellent à une insurrection de l’art contre les ravages de l’esprit colonial qui fait perdurer la guerre d’Algérie et ses indicibles souffrances. Il écrit ses plus belles œuvres dans cette période d’enthousiasme pour la liberté et ses titres sonnent comme un manifeste inspiré: La Révolution et la poésie sont une seule et même chose ou encore Liberté première, toutes deux édités par P.J.Oswald en 1957. De grands peintres illustrent ses recueils et scellent ainsi le lien empathique entre art visuel et poésie : c’est le cas de Ginette Signac, Matta, Erro, Benanteur, Kijno, Lapoujade ou Soulages. Kréa signe en septembre 1960 le manifeste des 121, déclaration pour le droit à l’insoumission qui prônait le refus de se battre pour garder l’Algérie française et appelait à l’Indépendance.
Djamel Amrani, ce poète algérien d’expression française, né en 1935, fait partie de la génération d’écrivains et d’artistes qui arrivent à l’âge adulte et à l’âge de création au moment de la Guerre d’Indépendance algérienne (1954-1962). L’intensité du moment politique accélère la maturité de leur engagement mais aussi relie fortement l’art au politique. Ces artistes engagés parlent de leur patrie colonisée, de leur pays en guerre pour recouvrer la liberté. Djamel Amrani est étudiant quand le FLN ordonne la grève scolaire. Il est arrêté après son déclenchement le 19 mai 1956. Expulsé il se réfugie en France et fréquente les cercles littéraires. Rien d’étonnant à trouver dans ses premiers poèmes la trace de ces années de braise. Vite remarqué, il publie dès 1960 Le témoin aux éditions de Minuit puis Soleil de notre nuit aux éditions Subervie, avec des encres du peintre Aksouh ou encore Chants pour le premier novembre avec des gravures de Benanteur (édition ABM). Son œuvre où la poésie est reine se construit à partir de ce moment fondateur dans un rapport à l’histoire, à la mémoire, à Alger mais s’épanouit aussi dans un registre plus intimiste où l’amour et le désir sont autant de manifestations charnelles de l’élan vital.
Djilali Kadid, né en 1956 à Sfisef, dans la région d’Oran, où il est scolarisé, après l’Indépendance, quand l’Algérie s’est libérée du colonialisme. Fierté et estime de soi, vent de liberté, malgré les violences vécues et les deuils à porter, donnent de la couleur à cette jeunesse et à son affirmation. Djilali part ensuite à Paris en 1978, attiré par la littérature, la poésie et les arts plastiques; il s’est créé un monde peuplé d’artistes, de poètes, nourri d’œuvres qui font sans cesse écho à sa propre pratique. S’il est peintre avant tout, ses dialogues avec Benanteur (Empreintes d’un cheminement, éd. Myriam Solal, 2000), avec Manessier (Manessier en Algérie, éd. Marsa, 2002), puis avec le couple Louis Nallard et Maria Manton (La peinture et la vie, ed. Marsa , 2005) révèlent son talent pour la mise en valeur de l’art par les mots. Ce goût pour le verbe se révèle aussi dans ses qualités de « diseur de poésie ». Il mobilise images et émotions pour laisser la langue poétique faire son chemin en lui, suscitant des sensations qu’il peut nous livrer après un travail du corps et de la voix qui rend la poésie si présente.