Guermaz est né à Mascara et fit ses études à l’Ecole des Beaux Arts d’Oran de 1937 à 1940. Il quitte l’Algérie en 1961 pour s’installer à Paris. Il gardera un contact régulier avec l’Algérie où il participera à plusieurs expositions. Il exposera également en 1974 en Algérie à la galerie 54 fondée par Jean Sénac. A Paris, il côtoie Khadda et Benanteur dans certaines expositions organisées pour les artistes algériens et notamment celle donnée au Palais des Arts Décoratifs en 1964. Il réalisera de façon régulière à Paris, de grandes expositions personnelles notamment à la galerie Entremonde où il exposera pendant plusieurs années. Il est le seul artiste peintre algérien à avoir fait partie de l’Ecole de Paris.
Les œuvres de Guermaz sont des incitations à la confidence car elles racontent des instants de mémoire, des élans anciens ou l’image d’un avenir pensé et visité comme un explorateur qui va chercher et rapporte quelque chose de lui-même qui attendait dans une dimension spirituelle et esthétique. Pierre Rey qui fut son ami et qui est le plus grand connaisseur de l’œuvre de Guermaz, le décrit comme « le peintre du silence et de la lumière ». Ces deux espaces immenses que Guermaz a su relier et rendre mitoyens dans sa peinture qui ne recule pas devant les haltes et les silences qui font partie de l’œuvre avant d’occuper le regard. Avec cette phrase, Pierre Rey révèle l’essence de l’œuvre que Guermaz nous a laissée.
Guermaz a librement conjugué les espaces de sa vie et il a donné à voir que dans l’exil apparent, en réalité les frontières ont été abolies chez lui . En visitant une œuvre nous le retrouvons enfoui dedans, occupé à capter puis raconter un arrêt quelque part dans l’esprit ou la vision d’un instant avec un peuple occupant paisiblement son espace. Plus loin, Guermaz racontera la mer commémorée ou même, reconstituera entre visions et souvenirs, un monde nouveau offert dans une pénombre à peine éclairée qui dit et donne à voir ses cheminements intérieurs.
L’Algérie et tous ceux qui l’ont aimé et apprécié dans notre pays et ailleurs, ont perdu Abdelkader Guermaz mais cet immense artiste a laissé l’offrande une œuvre superbe, gardienne d’un talent aux éblouissantes trouvailles. Aujourd’hui, l’on peut se demander si dans les écoles algériennes, les programmes d’enseignement ont cure de faire connaitre aux jeunes algériens qui émergent au savoir que leur pays possède de grandes valeurs et d’immenses trésors qu’ils ont à connaitre absolument pour se reconnaitre et ils doivent savoir, il devra leur être dit et enseigné que Abdelkader Guermaz en fait partie.
Ouahiba Abla
13 novembre 2009
Source : Alger républicain
Reconnu comme un des peintres non figuratifs majeurs de la seconde moitié du XXe siècle, Abdelkader Guermaz, né en 1919 à Mascara (Algérie), mort à Paris en 1996, fut avec Khadda (1930-1991), Benanteur (1931) et Aksouh (1934), l’un des fondateurs de la peinture algérienne moderne de tendance abstraite.