Le Musée des beaux-arts d’Alger, bruissait, ce mardi 8 juin, d’une activité particulière, en effet il y avait foule. Et quelle foule ! Élégante, racée, connaisseuse et si authentiquement algérienne. Peu d’événements culturels auraient pu drainer autant de gens mais aussi autant d’artistes toutes générations confondues. De quoi donc pouvait-il s’agir ? Une exposition ? Une réception ? Une rencontre ? Devant la porte du Musée légendaire d’Alger, un des plus beaux endroits de la capitale, où, dans le respect des consignes sanitaires, arrivaient, souriants et empressés, les visiteurs, une affiche dévoilait enfin de quoi il s’agissait : hommage était, aujourd’hui, rendu au grand Maître de la peinture algérienne, au témoin privilégié de l’histoire artistique de notre pays depuis les années 40 du siècle passé, au repère incontournable et au formateur infatigable de tant de nos artistes, au concepteur d’un des monuments les plus emblématiques de l’Algérie contemporaine, à l’homme de l’art, mais aussi de la rigueur et de la persévérance, à l’humaniste convaincu, Monsieur Bachir Yellès.
Silhouette âgée mais toujours d’entrain, le peintre est déjà arrivé, autour de lui, sa famille bien sûr, mais aussi ses amis, ses anciens élèves et de nombreux visiteurs venus simplement lui rendre un hommage mérité.
Il s’installe dans la grande salle du Musée, entouré de tableaux et de sculptures, les hautes fenêtres laissent entrer la lumière généreuse et éclatante de cette belle journée de juin algérienne. Partout, la beauté s’offre aux yeux, pourtant la plus belle est celle qu’offre cet instant de communion entre Si Bachir Yellès et tous les présents. Un instant de profonde émotion où le respect et la considération le disputent à l’affection et à la reconnaissance.
Et Bachir Yellès, en cette journée de l’artiste, méritait toute la reconnaissance non seulement de la grande famille artistique et des pouvoirs publics, représentée par la Ministre de la culture,mais aussi de l’Algérie, pour son itinéraire, sa production et ce qu’il a pu apporter à notre pays tant au plan national, où il offert à l’esthétique algérienne parmi ses plus belles lettres de noblesse, qu’au plan du rayonnement international où il a contribué à l’universalité de l’art algérien.
Source : Radio et télévision algérienne.
Bachir Yellès est né le 12 septembre 1921 à Tlemcen. Il est aujourd’hui le doyen des artistes algériens et une des figures emblématiques de l’art. Parmi les pionniers de la peinture algérienne, il fera ses études à l’École des beaux-arts d’Alger puis à l’École supérieure des beaux-arts de Paris, comme il sera un des lauréats de la prestigieuse Casa Velasquez à Madrid.
Premier directeur de l’École nationale d’architecture et des beaux-arts d’Alger, il contribuera à faire de celle-ci un phare prestigieux de la formation artistique dans l’Algérie indépendante. De même,il sera le président fondateur de l’Union nationale des arts plastiques (UNAP) en 1963.
Il sera aussi directeur du Musée national des beaux-arts d’Alger, là même où lui fut rendu hommage hier et où des terrasses-jardins on peut admirer la silhouette, aussi élégante qu’imposante, du monument du Sanctuaire des Martyrs dont il fut le concepteur. D’innombrables œuvres jalonnent son parcours artistique exceptionnel, des toiles uniques, des miniatures légendaires, comme celle représentant Abdelhamid Ben Badis, des fresques, des sculptures, des lithographies, des décors, comme ceux du Palais de la culture à Alger, des illustrations de timbres restées dans les annales et tant d’autres témoignages du génie créateur de ce centenaire hors du commun, que nous ne pouvons, au terme de cet hommage mérité, que saluer bien bas, en lui souhaitant la meilleure des santés.
Ahmed Benzelikha.
Mr Bachir Yellès au centre entouré de ces anciens élèves et de la ministre de la culture Mme Bendouda. (Photo ministère de la culture)