La podcasteuse à la recherche des récits des Papis et Mamies, que j’ai rencontrée à Alger lors de l’événement Wide Shot 2022, a pris mes coordonnées il y a un moment, mais depuis lors, plus rien, aucune nouvelle. Pourtant, j’ai moi aussi des récits à partager, de nombreux récits, pour la mémoire universelle, si c’est bien de cela qu’il s’agit. Ou peut-être est-ce pour la recherche scientifique entre la rive nord et la rive sud ? Si tel est le cas, la phénicienne a raté une occasion en or d’en savoir davantage : sur mes deux papis (Ali el Watani et Si Mohamed Guidoum, surnommé Khouyaa), condamnés à mort en 1945 après les événements de l’est algérien ; comment Mami Cherifa a survécu à l’éloignement de ses enfants dans le maquis ; comment le SAS a agi pour séparer la famille en utilisant le plus jeune des enfants de Cherifa et d’Ali ; comment Mami Cherifa n’a plus jamais revu sa famille réunie jusqu’à son décès à l’âge de 100 ans. J’aurais évoqué les descentes inattendues, la nuit, des chiens et des chiens soldats français dans la maison de Papi Ali el Watani à Sedrata ; comment mon Papi Ali el Watani était emmené pour un rien ; comment mon père Slimane, le Papi des enfants, a été torturé dans la prison de Sedrata… et ainsi de suite.
Peut-être en ai-je trop demandé à la podcasteuse, notamment en lui demandant d’en savoir plus sur ce projet, son objectif, son intérêt (la faute à l’institut italien au passage ?). À quoi pourraient servir les récits des Papis et Mamies ? Et dans quelle magouille scientifique pourrait-on utiliser de tels récits ?
Je pense que le comité scientifique français chargé des affaires algériennes en tous genres est constitué de margoulins de première ordre. Les docto-races bicéphales sont nombreux et très actifs.
En revanche, j’aurais souhaité en savoir plus sur le tatouage de la phénicienne, à l’arrière de son bras droit, “Houna” : le poème, qui n’est pas si discret que ça. Ça aurait été bien de mordre dans ce poème.
Tarik Ouamer-Ali
Galerie Bloom, 2022