« Meziane Boussaid est un personnage atypique avec qui j’ai collaboré sur plusieurs projets que je supervisais, notamment en ce qui concerne la décoration de deux institutions. Nous avons également travaillé ensemble sur l’illustration de documents éducatifs pour le CNIJS, ainsi que sur une bande dessinée abordant le thème du SIDA au début des années 2000. Une collaboration particulièrement marquante fut sa contribution à la réalisation de bas-reliefs qui ornaient les murs de l’exposition “L’Algérie numide” au musée de Cirta, à Constantine, en 2008. Nos rencontres ont toujours été empreintes d’échanges passionnés, et ce dynamisme a perduré même pendant mes séjours à Tazmalt. L’exposition en question demeure pour moi un moment d’emphase et de découverte, où l’artiste se révèle au public tout en se découvrant lui-même. J’ai toujours admiré son approche et sa réflexion vis-à-vis de notre environnement : qu’il s’agisse de l’actualité, de l’identité, de la société, de l’avenir ou encore de notre passé, de nos amis et de notre famille. Chaque œuvre de Meziane agit comme un témoin du temps et des événements, marquant ainsi les étapes importantes de notre parcours.
Dans ce contexte, l’exposition demeure un moment privilégié, un espace où l’artiste expose son travail et sa vision. Toutefois, au-delà de son œuvre, j’ai toujours apprécié l’homme lui-même ainsi que sa démarche. Sa capacité à questionner profondément notre entourage, qu’il s’agisse de l’actualité, de l’identité, de la société, de l’avenir, de nos lendemains, de nos amis, de notre famille ou de notre passé, ne cesse de m’impressionner. L’œuvre de Meziane trouve ses racines dans un amour profond pour la terre, pour l’enfance et pour l’expérience vécue. Au fil des années, Meziane a canalisé son potentiel artistique en se tournant également vers l’exploration du domaine humain. Son admission à l’École des Beaux-Arts d’Azzazga constitue un solide témoignage de son destin artistique en devenir. Si l’on s’amuse à imaginer des vies antérieures, il aurait pu être un courageux guerrier berbère. Aujourd’hui, des siècles plus tard, il a simplement troqué son glaive et son fourreau pour un pinceau et une raclette. Les aléas de la vie ont forgé en lui la capacité à prendre du recul, une qualité essentielle qui lui permet de porter un regard critique et insubmersible face aux artifices éphémères, aux créations dictées par les circonstances et au simple désir d’être vu. Meziane Boussaid fait incontestablement partie de cette nouvelle génération d’artistes qui posent les jalons d’une identité visuelle nationale jeune et passionnante. » Tarik Ouamer-Ali (octobre 2020
A l’occasion de son exposition « AZZETA, le souvenir d’enfance au village » à la GALERIE EZZOU’ART, Meziane Boussaid se livre à founoune.
« AZZETA, le souvenir d’enfance au village », exposition de l’artiste Meziane Boussaid
Lieu : GALERIE EZZOU’ART, Centre commercial et de loisirs Bab Ezzouar, Alger
Vernissage : jeudi 22 octobre 2020 à partir de 15H.
Période : du 22 octobre au 11 Novembre 2020.
Founoune : Comment vous appréhendez ce confinement et de cette situation assez exceptionnelle ? Une menace pour les libertés ?
Meziane Boussaid : Le confinement a été l’occasion pour moi de produire plus du fait que les activités professionnelles ce sont arrêtées. J’en ai profité également pour peindre plusieurs portraits en hommage à de grands artistes et personnalités historiques (Idir, Ait Mengeulette, Mebarek Ait Mengeulette…) ainsi qu’à l’élaboration de vidéo sur des réalisations anciennes. Pour ce qui est des libertés, je pense qu’elles sont menacées bien avant le corona virus malheureusement.
Founoune : Nos chemins se sont souvent croisés depuis 2003 sur le plan professionnel, j’apprécie ton personnage humain sensible et l’artiste qui se bat au fond de lui. Ça n’a pas été facile toute ses années entre la création, la vie professionnelle ?
Meziane Boussaid : Notre rencontre s’est faite en 2002, si ma mémoire est bonne, pour la réalisation d’illustration des brochures contre le tabagisme et la toxicomanie. Mon travail de création et ma vie professionnelle sont en perpétuelle symbiose, la création est un acte naturel mais qui demande aussi des sacrifices et une responsabilité.
Founoune : Sur le plan de l’activité créatrice, ton travail a pris du volume et de la maturité. Tu en est ou sur le plan de la réflexion et de la concrétisation ?
Meziane Boussaid : Effectivement mon travail à évoluer depuis mon voyage en Grèce en 2014, ou j’ai réalisé une œuvre avec ma nouvelle technique en utilisant du papier d’aluminium, une nouvelle approche pour mon travail pictural, de texture de matière. Je pense que la maturité d’un travail dépend des évènements et expériences vécues au quotidien ce qui enrichie l’œuvre.
Meziane Boussaid (Algérie)
Founoune : En quelle année tu as intégré l’école régionale d’Azazga ?
Meziane Boussaid : J’ai intègre l’Ecole Régionale des Beaux-Arts d’Azazga en tant que vacataireen 2006, puis titulaire en 2010 et en 2018 j’ai été nommé sous-directeur des études à ce jour. Je suis toujours enseignant de peinture et dessin. La responsabilité est plus grande mais j’aime les défis et les nouvelles expériences qui enrichissent ma personne comme je l’ai dit dans la précédente question.
Founoune : Par manque d’infrastructure culturelle, la tutelle ne devrait-elle pas libérée le statut des écoles régionales et permettre une meilleure proximité en ouvrant les espaces aux échanges avec les citoyens des régions concernés pour profiter de programme culturel adapté (conférence, rencontre, exposition et manifestation culturelle).
Meziane Boussaid : Effectivement on connait un manque flagrant d’infrastructures culturelles (prives et publique), il est tant d’ouvrir le débat sur le statut et les reformes des écoles régionales pour qu’elles puissent avoir une liberté plus grande sur le terrain et une meilleure contribution avec la société civile pour l’épanouissement et l’émancipation de l’art et de la culture. Quant à la formation supérieure Il est temps aussi de créer des départements « Art » à l’université.
Founoune : La situation des arts visuels est à la traîne pour ne pas dire catastrophique en Algérie, les gouvernements successifs n’ont pas réussi à donner à l’activité ce souffle nécessaire. Qu’en penses-tu ?
Meziane Boussaid : Je pense que les arts plastique ne bénéficient pas des même avantages et acquis que celui des arts visuels (cinéma, théâtre…).
Founoune : J’avais évoqué avec des amis, la nécessité d’une décision politique obligeant les institutions publiques à consacrer un petit budget du bénéfice pour l’achat d’œuvre et aussi la consécration du beau dans l’enceinte publique ?
Meziane Boussaid : Une telle entreprise engagera les entreprises à plus d’égards vis-à-vis de l’art visuel, à recruter des artistes ou expert, à évaluer ses collections… ; Un effet boule de neige qui va probablement déterminer une valeur à l’œuvre d’art. L’idée reste intéressante à débattre quant à son application ça reste à voir !
Founoune : Le mot de la fin ?
Meziane Boussaid : Merci pour cette petite interview, cela m’a donné l’occasion de parler de mon travail artistique et professionnelle. Je terminerai par une note optimiste je souhaiterai qu’à l’ avenir on accordera plus d’intérêt a l’Art et à notre Culture, et que notre société s’implique dans l’action artistique et sa sauvegarde.
Propos recueillis par Tarik OUAMER-ALI (2020)
Lien pour les vidéos :
https://www.youtube.com/watch?v=UH-BzxHv-Mo
https://www.youtube.com/watch?v=xf0GqgZxRIg
https://www.youtube.com/watch?v=ShjU_UgXlqY
https://www.youtube.com/watch?v=twRxSyRVa_E
https://www.youtube.com/watch?v=m8fl4x7MXd0
https://www.youtube.com/watch?v=yvD-hwRTDSY
https://www.youtube.com/watch?v=FDJE9Qjv-y0
https://www.youtube.com/watch?v=_i6Zl7I8728
https://www.youtube.com/watch?v=nqzv2Nw6JrQ
https://www.youtube.com/watch?v=3Bd_POFEvbw