« Hegel n’assimile pas l’art à un langage. L’œuvre d’art ne communique pas des pensées directement comme la langue le fait par l’intermédiaire des mots. Cela supposerait une intention de signification parfaitement claire et explicite dans la tête de l’artiste et, pour le spectateur, une faculté de décoder l’œuvre, donc la possession et la maîtrise d’un code. Or, ce n’est pas le cas.
Un compositeur qui se lance dans la création d’un morceau de musique n’utilise pas les notes comme des mots. Il a peut-être des envies de signifier ou d’exprimer des choses mais cela ne veut pas dire qu’il sait par avance exactement où il va ni ce qu’il va faire. Idem pour un poète.
Du côté de la réception de l’œuvre, il n’est pas nécessaire, si l’on prend un exemple pictural, de connaître l’Evangile, pour être ému par un tableau représentant une Vierge à l’enfant. Inversement, comprendre l’événement représenté par le tableau n’assure pas du tout de l’apprécier : une bonne connaissance de l’Antiquité ne garantit pas un attrait pour l’art dit pompier. Il n’y a donc pas à comprendre quelque chose de l’œuvre pour l’aimer.
L’artiste ne donne donc pas quelque chose à comprendre au sens où il y aurait une intention de signification explicite qu’il faudrait absolument apercevoir pour entrer en relation avec son œuvre. »
Mathias Roux
Source : www.philomag.com