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L’ENTRE-VUE & NOUS : l’interview confinement de Faten Chouba Skhiri

Concept pensé en période de confinement mondial, L’entre-vue & nous est un nouveau format d’entretiens courts et sans langues de bois avec des artistes contemporains maghrébins, réalisé exclusivement pour le site founoune.com. Dans un climat global d’enfermement et d’angoisse, dû à la pandémie du coronavirus, des artistes nous livrent leurs ressentis.

Pour le premier entretien, nous sommes entrés en relation avec Faten Chouba Skhiri. Professeure à l’institut supérieur des beaux-Arts de Sousse en « art contemporain, art et nouvelles technologies » et artiste reconnue, elle a été commissaire des Journées d’Art Contemporain de Carthage en 2018.

Alors comment va la vie recluse, est-ce un changement de rythme, une inspiration ?

Rien de particulier, je ne suis pas une artiste réactionnaire et je n’ai pas besoin d’une crise pour produire. Je médite, je lis beaucoup, je réfléchis sur ma pratique ancienne: est-ce que le confinement et la pandémie étaient présentes d’une façon prémonitoire ou non dans mon art, comment un artiste n’a pas pressenti une telle catastrophe ? Je le dis toujours à mes étudiants, j’avance en reculant, mais je n’agis pas en conséquence, au contraire je suis bloquée, j’ai vécu le même sentiment au cours de la révolution en 2011.

Oui je comprends tout à fait, dans ce genre de situation il faut du recul, une certaine introspection

Exactement, un art réactionnaire est comme un feu d’artifice, sa vie est courte. Ça impressionne au début et rapidement il disparaît.

Mais pensez-vous que l’art peut être d’un secours en cette période ?

Certainement, mais je ne saurais comment en étant inactuel. C’est la magie de l’art.

Et est-ce que l’enseignement artistique en Tunisie est en lien avec la société et ce qu’elle vit ?

Pas vraiment. Au contraire, il y a un grand fossé. La formation institutionnelle est élitiste, notre société ne reconnaît que l’art figuratif et un peu l’art moderne.

Mais pensez-vous que la société doit se conformer à un art contemporain importé ?

Pourquoi importé ? Ce n’est pas une aliénation

Entendons-nous bien, l’art contemporain n’est pas africain. Il y a une notion d’appropriation

Je ne suis pas adepte de la culture locale. Je considère que l’essence de l’art est l’humanité dans sa dimension universelle transhistorique et transgeographique. L’art contemporain n’est pas une catégorie, ou un genre c’est un état d’esprit. Il n’est clairement pas l’état d’esprit de nos sociétés.

Merci pour cette première mini-interview confinement. 

Amel Djenidi