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Photo de Nabil Zedam

Les mardis c’est permis : de la visibilité et de la circulation

Si ces dernières années, l’art extra-européen se fait une place plus grande sur le marché international, ce n’est pas un hasard. En effet, l’art d’Amérique latine et d’Asie est de plus en plus présent dans les foires d’art contemporain et dans les musées occidentaux. Et qu’en est-il du continent africain ? Les prochaines années promettent d’être sous les couleurs de l’Afrique.

Certains artistes émergent sur la scène internationale via les manifestations africaines et des galeries occidentales qui repèrent les talents, et sont de plus en plus visibles. Parmi les événements continentaux qui attirent les collectionneurs, Dak’art au Sénégal, Art x Lagos en Nigéria, ou bien les nombreux événements sud africains dédiés à l’art contemporain. Récemment, il y a eu la première édition de la Biennale d’art contemporain à Rabat. Nous nous souvenons de celle de Marrakech qui a fini par s’arrêter. Cette fois-ci, les choses semblent se dérouler autrement, car, il y a comme qui dirait une volonté collective de faire dans les règles de l’art. En effet, le commissaire, Abdelkaber Damani,  historien de l’art et philosophe algérien, a choisi pour le lancement un thème sur les femmes “Un instant avant le monde”. Un choix volontaire de sélectionner 63 artistes femmes du monde : collectifs d’artistes, plasticiennes, peintres, cinéastes, vidéastes, chorégraphes, performeuses, chorégraphes, architectes et autres.. Parmi lesquelles, nous trouvons une belle représentativité algérienne : Zoulikha Bouabdellah,  Nadia Benbouta, Bahïa Benchikh-El-Fegoun, Halida Boughriet Hania Chabane, Habiba Djahnine,  Katia Kameli, Fella Tamzali, Sonia Gasmi. Pour cette biennale, via la Fondation nationale des musées du Maroc, l’État a participé au financement à auteur de 70% et les 30% restant étant de fonds privés, le budget total s’est élevé à 935 000 euros.

Rand Abdou aljabbar (Irak), céramique, Biennale d’art contemporain à Rabat, 2019.
 

En Algérie, il existe depuis 2010, une Biennale méditerranéenne d’art contemporain d’Oran. Il y a eu 4 éditions jusqu’à 2017. Lors de cette biennale, aux moyens beaucoup plus restreints que celle de Rabat, car le ministère ne l’a pas subventionnée et il y a eu beaucoup de difficultés avec la mairie et direction de culture d’Oran. Malgré le peu de moyens mis à sa disposition et des problèmes d’organisation, certains artistes algériens et œuvres étaient, tout de même, intéressants à monter : Sadek Rahim, Sofiane Zouggar, Fatima Chafaa, Amel Djenidi, Meriem Touimer, Sadek Lamri et bien d’autres.

 
Mobilier de Adam Selmati, Biennale méditerranéenne d’art contemporain d’Oran, 2010.
 

Un autre événement devait voir le jour à Alger sous le nom de ARTA. Ce fut un projet de très courte durée. En effet, entre 2017 et 2018, les commissaires étaient prêts, les artistes locaux et internationaux sélectionnés, les sponsors d’accord pour subventionner, le lieu fixé au Palais de la culture. Tout portait à croire qu’un tel événement allait enfin se réaliser. Et puis soudain, il y a eu l’annonce du changement de date, que ça allait être reporté à une date ultérieure. Et finalement, la nouvelle tomba! ARTA était tout simplement annulé. Sans d’autres explications, le projet a été jeté aux oubliettes… ou pas vraiment.

 
Publication du comité d’organisation d’ARTA sur sa page facebook.
 

Quelques temps plus tard, nous apprenons que le Ministère de la Culture lance le projet un “Printemps des arts” pour mai 2018, en reprenant des personnes ayant travaillé sur le projet ARTA, en revenant sur le même lieu désigné. Ce n’était pas la première fois que le ministère récupérait à son compte une initiative privée. Aussi le ministère a cru bon de se faire parrainer par les plus anciens plasticiens algériens comme pour se légitimer. Ce printemps des arts, ne comprenait que deux espaces, l’un dédier à cinq galeries algéroises et l’autre espace pour les artistes indépendants. Sur l’espace libre, un fouillis de tous les styles, tous les thèmes, tous les niveaux. Ainsi aucun travaille de sélection d’artistes (puisque le but était de représenter ce qui se fait dans les 48 wilayas et non pas la qualité artistique), ni de valorisation des œuvres, ni de scénographie, ni d’estimation des œuvres (des prix exorbitants proposés par les artistes eux-mêmes) pour enfin lancer une pierre dans la marre : le marché de l’art. Des personnalités ont été invitées afin d’acquérir des œuvres d’art (alors que le premier secteur concerné n’en a pas acheté aux artistes), un débat a été lancé sur les problématiques du marché ou plutôt de son inexistence et bien entendu, sans la présence du ministre qui aurait eu l’occasion en une journée de connaitre tout ce qui ne fonctionne pas dans son secteur. Pas de solutions réelles, puisque c’est une question qui ne relève pas seulement d’une décision ou d’une baguette magique. Mais c’est un projet sérieux à réfléchir à long terme avec toutes les compétences et les volontés qui manquent très souvent. Bref, on sentait beaucoup de misère dans ce milieu. Quel bilan le ministère a tiré de ce printemps là ? nous ne le savons pas. Rien n’a été clairement publié dans ce sens, le printemps des arts (mais qui ne concernait que la peinture et la sculpture au détriment des autres disciplines) n’a pas eu d’édition 2019. Était-ce étonnant ? non ! Il faudrait commencer à travailler dans la transparence et monter des projets sérieux, ce qui suppose des compétences et des bilans pour apprendre de nos erreurs et avancer dans la pérennité.

 
Printemps des arts, Palais de la culture, Alger 2018.
 

L’adage dit : “Le travail est un jeu, un jeu très sérieux”, en attendant, nos artistes iront exposer dans d’autres biennales.

Neila Djedim

 

Pour plus d’infos :

Lire aussi : “Hiver des arts 2019” sur Founoune.com

https://www.lematindalgerie.com/les-actes-manques-de-la-foire-printemps-des-arts-alger

http://biennale-artcontemporain-oran.e-monsite.com/

https://www.jeuneafrique.com/831245/culture/au-maroc-la-premiere-biennale-de-rabat-pour-ecrire-un-nouveau-monde/