Le marché de l’art, l’événement phare des arts visuels de l’année 2018 résonne encore sur les cimaises du palais de la culture d’Alger, mais sans réelle incidence sur la situation catastrophique que vit la corporation et ses dépendances à ce jour. Dans cette lente agonie du secteur portée par des promesses décennales renouvelées de la tutelle par procuration de l’Etat, aucune initiative capable de relancer la déperdition de l’activité des arts visuels et ses dépendances à l’échelle nationale n’est mise en œuvre ou en vue.
Il convient d’affirmer, à l’image des événements lancés en fanfare depuis une longue période, que Evènement « Printemps des arts », pompeusement repris « marché de l’art » n’est rien d’autre que l’action de récupération de la tutelle sans réel étude sectorielle sur la réalité et les besoins d’une entreprise d’une tel envergure. « L’élaboration d’un marché de l’art structuré et transparent », a annoncé en 2018 le ministre de la culture de l’époque Mr Mihoub Mihoubi, candidat à l’élection présidentielle programmé par le régime pour le 12 décembre 2019.
Sournoisement mentionnés sur le catalogue de la manifestation, la tutelle associe de nombreuses figures de la peinture algérienne à cet événement, Yellès Bachir, Adane Mustapha, Farès Boukhatem, Belbahar Souhila, Zerarti, Arezki et Martinez Denis.
Seulement et par rapport à ce qui se fait dans plusieurs nations, la tutelle ignore-t-elle, encore mieux, ses précieux conseillers depuis 20 ans que le marché de l’art. C’est l’ensemble des transactions réalisées par les différents acteurs qui ont vocation de vendre des œuvres d’art, notamment : la galerie d’art, l’antiquaire, le brocanteur, le courtier, la maison de vente aux enchères… Un éco-système inexistant en Algérie ou en voie de disparition à l’image pour ce qui reste des antiquaires ou brocanteurs ou même courtiers, des métiers livrés à eux-mêmes sans organisation fédérative ou associative, pourquoi ?
Le projet « marché de l’art » ou « printemps des arts », local, mastiqué dans la précipitation, calendrier politique oblige, est un projet qui répond au principe fédérateur du tout état et répondant au principe du remplissage événementiel comme action ministérielle d’une période de règne d’une gouvernance lambda en place ou celle d’avant et peut-être celle d’après.
L’absence de bilan et de critique objective sur l’action ministérielle sur le secteur des arts visuels par le ministère depuis des années ne permet en aucun cas de reconsidérer les actions “inutiles” pour converger à des propositions capables de propulser les arts visuels sur rails de l’universalité.
Le printemps des arts est une pale réplique d’un événement majeur annulé et passé sous silence par la tutelle qui le patronné par ailleurs, l’ARTA organisé par la galerie El yasmine et son galeriste Khalifati Lyes qu’on retrouve curieusement dans le comité de sélection des œuvres et d’organisation de l’exposition du « printemps des arts ». Pareillement, que le commissaire de l’ARTA, l’artiste et journaliste Gassouma Djaoudet.
Pour rappel, l’ARTA programmé du 26 au 30 octobre 2017 et décalé au mois de janvier 2018 pour des raisons que l’on ignore à ce jour pour la plus part des observateurs fut un événement international d’envergure et prometteur avec grande exposition regroupant des artistes contemporains d’Algérie et du monde, ainsi qu’une exposition ARTA Dzayer de plusieurs artistes nationaux. Ajouter, un espace dédié aux éditeurs de livres pour présenter toutes les éditions culturelles et artistique, la présentation et projection de films algériens dédiés au sujet et des conférences-débats sur des thématiques précises concernant la diffusion, la vente, le marché de l’art, et les structures culturelles exerçant en Algérie.
Le communiqué annonçant l’annulation de l’ARTA après son report le mois de janvier 2018 ne précise pas les causes ni la responsabilité du ministère de la Culture exempté de cet échec qui pour rappel la mention haut patronage de son excellence le ministre de la culture figurait bien au fronton et aussi bien des personnalités des arts visuels connus sur la scène figurés sur liste des organisateurs, pourquoi autant d’ombrage ?
À cet échec sans réponse, on crée un événement en fanfare « printemps des arts » alors qu’un petit effort du ministère de la culture aurait permis de réaliser seulement ARTA Dzaïr, un opus d’ARTA qui concernait seulement les artistes résidents en Algérie ?
La récupération du ministère de la Culture est aussi un signe de la main mise du tout état sur l’activité artistique d’envergure. L’initiative privée n’a aucune chance d’aboutir pour autant les procédures de mise en œuvre sont souvent confrontées à des conditions jamais résolues. La délivrance des visas pour les participants internationaux, l’assurance des œuvres, la facilité de circulation des œuvres et la facilité des transactions financières en devises.
Azzeddine Mihoubi, évoque sur le catalogue de l’événement des printemps des arts : « Il n’était que normalité et dans le sens de l’histoire, s’imposa au ministère de la culture l’idée de la nécessaire fusion entre tous ces acteurs et biens d’autres encore, pour s’acheminer vers l’étape d’élaboration d’un marché de l’art structuré et transparent, afin de mieux en identifier les problématiques et les enjeux. ».
Seulement les enjeux sont différents à cette heure-ci et l’hiver des arts 2019/2020 s’annonce aussi froid que précédemment.
Tarik Ouamer-Ali
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