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Tabatière en forme de boeuf, 19e s., Afrique du sud, au British Museum

Les mardis c’est permis : Ave César !

Cette semaine ont lieu les enchères d’automne 2018 par les plus grandes maisons telles que Christie’s ou Sotheby’s. L’occasion de trouver des lots d’œuvres d’art, de bijouterie, d’objets de collection ou encore des antiquités. Nous retrouvons, parfois, parmi les lots proposés à la vente, des objets archéologiques antiques disparus, volés, ou vendus par des particuliers. Plusieurs pays sont signataires des chartes de l’UNESCO, de diverses conventions qui vident à la protection des patrimoines nationaux.

L’Italie, pays au 49 sites culturels classés patrimoine mondial de l’UNESCO et 25 autres sites attendent le classement (parmi lesquels les centres historiques des villes antiques, médiévales et de la Renaissance tels que Rome, Florence, Sienne, Naples, la basilique Santa Maria delle Grazie, ou encore le monuments paléochrétiens de Ravenne) sans parler des sites naturels (le Mont Etna, les îles éoliennes, les forêts primaires de hêtres), a également signé la convention de Nicosie en 2017*. Sauf que le ministre de la culture, monsieur Alberto Bonisoli estime que les sanctions prévues par cette dernière convention ne sont pas assez sévères (les fouilles, l’importation et l’exportation illégales, les acquisitions illégales et la vente d’objets d’art et d’antiquités). En effet, il voudrait punir lourdement tout crime contre l’art et les antiquités qui représente son identité et la survie de leur passé qu’il espère transmettre à ses enfants et petits-enfants.

A l’ère où les restitutions sont remises sur la table, les états unis ont déjà remis 16 objets à l’état italien durant ces deux dernières années. Des objets sont quotidiennement mis en vente à l’autre bout du globe et si les autorités compétentes n’alertent pas parfois le FBI ou Interpol, ces objets acquis illégalement disparaîtront dans des collections privées.

L’année passé, le président français, Emmanuel Macron, avait évoqué la question de la restitution des biens culturels africains acquis illégalement et violemment en période coloniale. Les pays africains étaient dans l’attente de nouveautés dans ce dossier pour le moins épineux. Chargés d’établir un rapport, Felwine Sarr et Bénédicte Savoy l’ont publié cette semaine. Déjà, ce rapport ne concerne que la partie subsaharienne du continent! Ensuite, il évoque que d’autres pays européens, à l’instar de la France sont impliqués, ce qui peut légitimer uo amoindrir le crime, tels que la Belgique, l’Allemagne, L’Italie ou la Grande-Bretagne. Nous vous proposons quelques chiffres pour voir l’étendu de ce “butin” barbare : au British Museum vous trouverez 69 000 objets d’Afrique, au Weltmuseum de Vienne 37 000, du musée Royal de l’Afrique centrale en Belgique 180 000, au futur Humboldt Forum de Berlin 75 000, des musées du Vatican à celui du quai Branly 70 000 en passant par les nombreux musées missionnaires protestants et catholiques en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, en Autriche, en Belgique, en Italie, en Espagne. Dans les inventaires des musées africains, le chiffres ne dépasse pas les 3 000 objets exposés ou en réserve et qui sont de moindre qualité et importance. Sur la question de la restitution, l’Allemagne évoque l’incertitude de la provenance de ses collections et voudraient approfondir les recherches. La Grande-Bretagne propose un prêt de longue durée à l’Éthiopie par exemple pour éviter de perdre ses collections pillées. La Belgique avoue avoir volé et vidé le continent et que des solutions devront être trouvées sans en apporter.

Figure féminine, bois,, métal et textile 19e s. Côte d’Ivoire, Musée du Quai-Branly.

Ainsi aucun des pays n’est encore prêt à entreprendre cette initiative. Même pas la France, sauf pour les ossements humains, lesquels semblent plus faciles à céder : Saartjie Baartman à l’Afrique du Sud en 2002 et une vingtaine de têtes maories à la Nouvelle Zélande en 2017. Avec la promesse de restituer les têtes des combattants algériens, conservés aux musée de l’Homme et que que nous attentons toujours.

L’adage dit “il faut rendre à César, ce qui appartient à César” … à moins qu’il soit africain.

Neila Djedim

*: https://rm.coe.int/1680710436