Comme chaque année, la FIAC est un rendez-vous incontournable pour les amateurs et surtout où les collectionneurs d’art du monde entier se retrouvent à Paris. La 45e édition de la Foire Internationale d’Art Contemporain a eu lieu du 18 au 21 octobre 2018. Quelques chiffres pour cerner un petit peu l’événement : 25 pays, 195 galeries, 1500 artistes, 75000 visiteurs sur les différents endroits d’exposition au Grand Palais, au Petit Palais, dans le Jardin des Tuileries, dans le musée Eugène Delacroix ou encore à la Place Vendôme. La FIAC c’est aussi l’occasion de décerner le prix Marcel Duchamp.
Ce prix Marcel Duchamp est remis chaque année par l’ADIAF (Association pour la diffusion internationale de l’art français). Le jury est composé du directeur du Centre Pompidou, du président de l’ADIAF qui est également collectionneur, d’un représentant de l’association Marcel Duchamp et de membres invités changeants qui sont des collectionneurs, présidents de fondations, commissaires d’expositions ou conservateurs de musées en France, en Europe et parfois aux USA ou en Chine. Au sein des nommés et les lauréats de ces dernières années, vous allez reconnaître des artistes de renommée internationale. Parmi les nommés de 2018, on retrouve l’artiste algérien Mohamed Bourouissa. Pour l’édition de 2016 le lauréat était Kader Attia. En 2015, deux nommés, Zineb Sedira et Neil Beloufa sont d’origine algérienne. En 2013, l’artiste marocaine Latifa Echakch en a été la lauréate. C’est dire que la qualité de certains artistes extra-européens est reconnue et représentée par des galeries européennes.
En parlant des galeries présentes de la FIAC 2018, sur les 1500 seules 29 sont extra-européennes. La grande nouveauté de cette édition est la grande participation du marché asiatique, avec 22 galeries de Shanghai, de Pékin, de Hong Kong, de Séoul et de Tokyo. Et sur ces 29 galeries, seules 2 sont dans la région MENA (Middle-East-North-Africa). La seule du continent africain est une galerie tunisienne Selma Feriani de Sidi Bou Said. Comment expliquer ce manque de visibilité et de représentativité des artistes issus du continent. Nos artistes sont obligés de se faire représenter par des galeries étrangères et particulièrement européennes (française ou britannique) et dans de plus rares cas aux USA. Que maque-t-il aux galeries régionales privées ?
Une galerie privée doit avant tout s’occuper de l’aspect marchand, de vendre, mais aussi de représenter des artistes à travers des expositions dans les locaux de la galerie ou ailleurs. Elle se doit également de promouvoir ses artistes sous contrat avec des brochures, des catalogues, des monographies. Combien de galeries au Maghreb remplissent leurs fonctions ? Alors pourquoi s’étonner de voir des artistes chercher sous d’autres cieux des galeries mais aussi des collectionneurs ?
L’adage dit “Nul n’est prophète en son pays”. Si nous ne reconnaissons pas la valeur de nos créateurs, nous leur souhaitons bon vent.
Neila Djedim