« Plus de roses » est le titre attribué par les artistes peintres Aziz Azrhai, Fouad Chardoudi et Abdellah El Haïtout, à leur exposition artistique à travers laquelle ils ont choisi de commémorer l’influence poétique de Mahmoud Darwich par leurs moyens d’expression qu’ils pratiquent, à savoir la peinture. C’est un hommage rendu à cette prestigieuse sommité poétique lauréate du Prix international Argana de la poésie en 2008, parrainé, et le parraine toujours, par la Fondation CDG.
En effet, cette dixième commémoration dédiée aujourd’hui à l’âme de Darwich est également une célébration des 10 années de partenariat entre la Fondation CDG et la Maison de la Poésie au Maroc. Mahmoud Darwich est le parrain de cette amitié poétique et culturelle, et son architecte qui a ouvert la porte à d’autres amis poètes ; les poètes du Maroc et du monde. Ils sont venus après lui, suivant son pas poétique, en se réjouissant de remporter le Prix international de la poésie.
Dix ans passés depuis l’événement culturel poétique organisé au Théâtre National Mohammed V à Rabat, le soir du 24 octobre 2008, auquel Mahmoud Darwich n’était pas venu à cause de la mort brusque et brutale qui l’avait surpris. Mais la rencontre avait attiré un large public de différentes villes, jeunes et étudiants, hommes politiques et acteurs civils, écrivains et poètes, journalistes et grand public. Ils étaient venus, tous ensemble, serrer la main du poète qui leur a donné la sérénité de vivre sur cette terre digne de la vie. Ils étaient venus renouveler leur amour pour le poète après son départ, après le lui avoir montré de son vivant.
Nous nous souvenons tous de cette grande soirée poétique et artistique au cours de laquelle l’âme de Darwich flottait au-dessus du bâtiment du théâtre Mohammed V, son lieu de prédilection qu’il aimait d’un amour inconditionné au point de considérer le récital dans son enceinte comme une tentation personnelle prédominante chez lui. Il en a même dit un jour : « Ce théâtre occupe une place particulière dans mon humeur poétique. »
À quelques pas de son lieu de prédilection, ici, à la Galerie d’art « Espace Expressions CDG » de la Fondation CDG, Parrain officiel du Prix international de la poésie, nous retrouvons Mahmoud Darwich à travers cette exposition d’art qui souligne la capacité de la poésie à pénétrer le moi, à l’influencer et à le conduire vers une aventure spéciale et différente…
L’exposition « Plus de roses » de Aziz Azrhai, Abdellah El Haïtout et Fouad Chardoudi est effectivement une aventure spéciale menée par trois artistes peintres, afin de ressusciter Mahmoud Darwich parmi nous, lui qui n’a jamais été absent de notre mémoire, et de l’accueillir parmi nous par le biais d’une peinture en couleur, pour s’approcher de son oeuvre poétique, de son parcours humain qui s’entrecroise avec la cause de son peuple, où le goût de l’exil et de l’isolement, l’amertume du voyage visant à construire des discours poétiques et esthétiques, qui fait triompher l’homme et défend son droit et son besoin d’une patrie à même de l’abriter sous son vaste ciel, où il peut aimer sur sa terre et respirer son air non pollué par l’odeur du sang et de la poudre à canon…
Il convient de noter que cette exposition est le fruit d’une résidence artistique organisée par les trois artistes poètes pendant dix jours, donnant lieu à des œuvres reflétant des points de vue différents et des visions diverses et plurielles portés sur Mahmoud Darwich et sur son impact poétique sur leur goût créatif. Dans l’œuvre de Aziz Azrhai, nous relevons le prisme et la consécration du blanc, comme s’il voulait abréger la densité que Mahmoud Darwich desserre sur son récepteur. En effet, Azrhai s’en défait avec peu de couleurs. Tandis que Fouad Chardoudi est fasciné par l’image de Darwich et par la contemplation du portrait à travers un dialogue de couleurs libres, tentant de créer une osmose entre le texte/poème et le portrait/poète, Abdellah El Haïtout cherche dans la pratique picturale à écrire un poème en couleurs, ne croyant qu’aux conditions de la peinture et à ses contraintes esthétiques et techniques.
En général, l’exposition « Plus de roses » révèle que Mahmoud Darwich, le poète qui a investi le monde et préoccupé les gens de son vivant, est toujours en mesure d’inspirer non seulement les poètes, mais également les artistes peintres de sensibilités artistiques et esthétiques différentes, et de références expressives diverses. C’est ce qui fait que l’initiative de la Fondation CDG et de la Maison de la Poésie au Maroc acquière plus d’une signification et fait de notre Maroc culturel et poétique un modèle de fidélité et de consécration d’un poète dont l’œuvre poétique est liée à deux missions : moderniser l’horizon poétique du poème arabe et le doter de beauté et d’étonnement, et défendre la maîtresse de la terre…
Source : Site CDG
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