Voyez-vous, cet étonnement est dû à un espace fantasmagorique qui n’a été utilisé qu’une seule fois ou presque, lors de sa soi-disant inauguration en 2015. Hors champs était une exposition de huit artistes plasticiens dont Rachid Djemai, Rachid Nacib, Mustapha Nedjai, Adlane Samet, Karim Sergoua, Hellal Zoubir et le photographe Nasser Medjkane, le tout sous le commissariat et la participation artistique de Malek Salah. La galerie du Théâtre National Mahieddine Bachtarzi à Alger est une salle d’une centaine de mètres carrés qui avait accueilli cette exposition durant 3 mois, laissant le temps, au public algérois le temps de découvrir le lieu et peut-être les artistes d’une longue expérience à part le benjamin du groupe Samet.
Saleh Malek espérait organiser d’autres expositions dans ce même lieu. Il n’y en a pas eu sous son organisation. La direction de TNA n’ayant pas changé depuis 2014 à ce jour, la raison devrait être ailleurs. Est-ce que cela coïnciderait avec le changement de Ministre de la culture ? En effet, lors de cette inauguration, c’était Nadia Labidi qui était ministre alors qu’elle a été remplacée cette même année par Azzedine Mihoubi au mois de mai, soit quelques petits mois après ce lancement. Et depuis plus rien.
Enfin, plus rien, pas sûr. En juin 2019, on découvre à travers quelques médias de la presse écrite, une inauguration d’une salle d’exposition au théâtre et que Hind Ziour, artiste franco-algérienne, expose au TNA en juin 2019 avec une monstration à l’intitulé suivant Chkoun ena (Qui suis-je). Un mois plus tard, une autre exposition Création, art plastique, les questions de la création !, collective cette fois-ci, a eu lieu toujours à la TNA Gallery. Tous les participants étaient des jeunes talents n’ayant jamais exposé dont le nombre était de quarante-six.
Après ce tour d’horizon, sur les rares activités de ce lieu, on pourrait se demander quelle est vraiment la stratégie de cette « galerie ». Du moins, s’il y en a une. Est-ce une réelle galerie? En a t-elle le statut? Peut-elle être inaugurée plusieurs fois? Qui en est le gérant ou le commissaire ? Nous avons appris il y a quelques jours que le théâtre national lançait un appel à participation à une exposition collective mais avec une particularité, elle sera virtuelle. C’est un peu à la mode de lancer ce genre d’exposition diffusée uniquement sur internet. D’ailleurs, la ministre de la culture actuelle, Malika Bendouda, l’encourage vivement à tous les établissements sous sa tutelle. Depuis quelques mois, il est demandé à toutes les productions culturelles de penser « numérique ».
Mais avons-nous réfléchi aux retombées économiques ? Demander à un chanteur ou musicien, de faire une vidéo libre d’accès sur le web, apporte-elle une valeur pécuniaire à sa prestation ? Nous convenons sur le fait que l’artiste va divertir son public pendant ou après la pandémie. Mais qu’en est-il de l’artiste ? Qui va le faire vivre s’il met du contenu original ou pas gratuitement ?
Ainsi, les différentes expositions virtuelles de peinture remplissent quels objectifs ? Y a-t-il eu des études sur l’impact de ce genre d’événement ? Quel en est le public cible ? Quels sont les retours depuis le mois de mars ? Y a-t-il eu plus de visibilité pour les artistes ? Ou peut-être plus de vente ? Ces expositions sont-elles en lien avec l’outil technologique qui est utilisé, à savoir le web ? Plein de questionnements sur ces pratiques qui tendent à se généraliser à Alger, à Oran ou ailleurs. Enfin, la TNA gallery qui lance cet appel à participation sans en donner les thématiques, les responsables et tous les éléments qui constituent la base des expositions, répond comme à une urgence de mettre en place un événement. Cet espace énigmatique continue de nous étonner et de nous surprendre par son jeu de présence/absence, d’action/inaction et surtout de réalité/double virtualité.
L’adage dit « Même à travers des solutions imaginaires, une œuvre non vue, n’existe pas ».
Neila Djedim