La Nouvelle exposition au MMVI intitulée “Voyage aux sources de l’art” ne semble pas faire l’unanimité au Maroc. Une opus exposant Chaïbia Talal, Fatima Hassan El Farrouj, Radia Bent Lhoucine qui ambitionne de positionner, face à face, dans un désir d’en apprécier les différences ou similitudes, trois artistes pionnières de l’art moderne au Maroc, autour de la question de l’expression artistique spontanée.
La Fondation nationale des musées subit un tollé de critiques pour cette exposition au titre évocateur « Voyages aux sources de l’art », prévu à partir du 23 octobre au Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain, l’idée ne fait pas l’unanimité dans le milieu artistique et parmi les premiers à dénoncer le cadre voulu pour l’exposition, le fils de Chaibia : Tallal.
Si le président de la Fondation, Mehdi Qotbi confie que « le rôle du musée est de mettre en avant le patrimoine marocain artistique », Hossein Tallal, fils de Chaibia, témoigne d’un choix unilatéral de Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées (FNM) qui n’a pas obtenu son consentement.
L’artiste Hossein Tallal, 75 ans, reproche aux organisateurs de ne pas s’être concerté avec lui. « À l’origine, on m’a appelé pour faire une exposition sur Chaibia Tallal. Mehdi Qotbi et Abdelaziz Idrissi m’ont invité à venir au musée afin de repérer les espaces devant accueillir les œuvres choisies », témoigne-t-il. « J’avais même réalisé une liste des œuvres et proposé comme titre de l’exposition ‘Art et Archives’ », explique-t-il. Déception pour lui, lorsque sur les lieux, il ne rencontre finalement qu’Abdelaziz Idirissi, le directeur du musée d’art contemporain et par ailleurs commissaire de l’exposition, le temps d’une dizaine de minutes.
La déconvenue sera encore plus grande lorsque quelques semaines plus tard, il découvre dans la presse qu’il ne s’agira pas d’une exposition dédiée à sa mère, mais plutôt un évènement réunissant aussi Fatima Hassan El Farrouj et Radia Bent Lhoucine, mère du peintre Miloud Labied.
« Un rapport violent » avec un membre estimé et respecté de la famille de Chaibia Tallal, que ne tarde pas à dénoncer Hicham Daoudi, patron d’Art Holding Morocco. Dans un post publié sur Facebook, ce spécialiste du marché de l’art au Maroc égrène ses griefs contre la Fondation nationale des musées. « Nous, dans la scène artistique, on a pour principe de respecter le droit moral et le droit d’auteur, c’est la base même de notre métier », regrette Daoudi Hichem dont voici le post çi dessous.
Ce serait bien d’expliquer le propos d’une pareille exposition et d’annoncer le ou la commissaire qui travaille à monter pareil projet et comment aussi les équipes du musée se sont entourées des bonnes compétences pour réaliser les expertises nécessaires pour étudier l’authenticité des œuvres collectées sachant que Chaibia et Fatima Hassan sont allègrement copiées. A part la féminité des 3 protagonistes on aimerait savoir des promoteurs du projet à leurs yeux « ce qui lie vraiment ces 3 artistes » et quelles sont les raisons de les associer aujourd’hui?
Il y’a à priori de très grandes distances entre les univers et les destins de chacune des 3 artistes, et le travail scientifique attendu autour d’un pareil projet est de révéler les liens visibles ou les antagonismes marquants. L’impression superficielle que leurs arts respectifs se ressemblent ne peut justifier une telle exposition mais plutôt un profond travail de recherche d’archives. Qui sera donc en mesure d’écrire les textes pour pareil projet si toutefois l’exposition n’est pas qu’une somme de tableaux accrochés en attendant la réception d’un autre projet clef en main venu d’ailleurs? Autour de Radia Bent Lhoussine mère de Miloud Labied il y’a aussi beaucoup de réserves à adopter, mais pour résumer est elle vraiment crédible face aux deux autres qui n’ont déjà pas le même poids en terme de reconnaissance artistique?
Il faut aujourd’hui que l’institution concernée puisse comprendre que les expositions et les publications jouent un rôle déterminant dans l’histoire de l’art et quand elles sont construites dans une forme de précipitation et sans propos cohérent elles peuvent aussi détruire des artistes ou réduire des icônes. Le mandat des cadres dirigeants n’est pas un chèque en blanc pour qu’ils créent réalisent tout et n’importe quoi sous couvert d’une programmation spontanée et sans respecter le droit moral des ayants droits. L’institution n’a pas le droit d’associer le nom de Chaibia Tallal à ce projet si son unique fils a refusé que sa mère soit associée aux deux autres protagonistes. C’est le béaba du droit international en matière de droit d’auteur et de l’image. Outrepasser cette disposition et imposer quand même Chaïbia contre l’avis de son unique ayant-droit est d’une violence extrême. C’est créer de l’amertume dans le cœur d’un de nos derniers monstres sacrés témoins privilégié de l’art marocain depuis les années 50.
Les artistes marocains et les professionnels attendent mieux de cette institution censée les représenter. Nous sommes à l’ère où tous les acteurs veulent donner le meilleur d’eux même pour une culture nationale tirée vers le haut au service de l’identité marocaine et de son capital humain. La fondation doit percevoir à son tour la colère qu’elle peut susciter des attentes et promesses qu’elle n’a pas su combler. Toutes ces questions méritent d’être débattues clairement et il ne faut pas faire l’économie de querelles si elles peuvent enrichir le débat ?
Dans l’art comme dans d’autres domaines nous aspirons tous à un nouveau rebond, une dynamique, rêver d’excellence ou de reconnaissance. Tous les acteurs sont mobilisés pour y arriver, manque les bons interlocuteurs bienveillants pour créer une communauté de destins et fédérer les talents. J’invite vraiment les responsable nationaux à prêter attention aux nuances et règles de notre domaine. Nous avons tous épousé ces professions pour participer à l’édification d’un idéal culturel ne venez pas le détruire par facilité et ignorance.
« Qu’il critique, c’est son affaire », réplique Mehdi Qotbi, le président de la fondation des musées, faisant fi des arguments qui fusent sur l’incohérence de l’évènement. Même constat chez Aziz Aouadi, marchand d’art reconnu, qui abonde dans le même sens en indiquant que « Hossein Talal considère, concernant le travail de sa mère, que c’est de l’art brut. A savoir qu’on y fait abstraction de la culture, on peint comme un enfant. Si on voit l’œuvre d’un peintre d’art brut, on ne peut pas savoir s’il est Marocain, Australien ou d’une autre nationalité », explique-t-il pour distinguer l’œuvre de Chaibia Tallal de celles des deux autres peintres marocaines exposées. « Pour ce qui est de l’art naïf, il est question de peindre de façon simplifiée la représentation qu’on voit. Une scène de mariage, de couscous ou autre, qui nous renseigne sur la culture propre au peintre », ajoute-il.
Une vision différente de celle de Mehdi Qotbi et de l’exposition soutenue par sa Fondation nationale des musées. « Nous avons pensé qu’il fallait donner la possibilité à trois femmes qui ont un langage semblable d’exposer ensemble », ajoute le patron de la Fondation, par ailleurs lui-même peintre, pour insister que les trois artistes « ont une qualité semblable, aucune n’est meilleure que l’autre. Ce sont des artistes qui sont respectables », sans pour autant s’attarder sur les considérations qui les différencient.
L’exposition devrait avoir lieu contre vents et marées le 23 octobre. Les invitations sont déjà lancées, alors que d’autres voix de la scène artistique dénoncent l’intérêt donné à l’évènement par ses organisateurs, qui contraste d’ailleurs avec le soin apporté à d’autres expositions d’artistes internationaux. Preuve en est, son matériel ne comportant ni catalogues ni indications concernant le contenu exposé, et encore moins d’explication rationnelle quant au thème choisi : « Voyage aux sources de l’art », une assertion infirmée par autant de spécialistes interrogés qui estiment inapproprié de dater le fait originel de l’art marocain de cette manière inconvenante.
Synthèse et source internet
https://ledesk.ma